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Libération, n° 6545
MONDE, vendredi 31 mai 2002, p. 12
Un projet de loi pour «ficher» les étrangers en
Italie
Le gouvernement Berlusconi veut durcir la législation sur
l'immigration.
JOZSEF Eric
Rome de notre correspondant
Faciliter les expulsions, modifier les conditions de renouvellement des
permis de séjour, allonger la durée de maintien en centre de
rétention... Un an après son arrivée au pouvoir, la
majorité de Silvio Berlusconi s'emploie à durcir la
législation sur l'immigration. Le texte en discussion à la
Chambre des députés, inspiré par la Ligue du Nord et
Alliance nationale (les deux leaders Umberto Bossi et Gianfranco Fini lui ont
d'ailleurs prêté leur nom) suscite de violentes critiques
à gauche. L'Olivier dénonce notamment la volonté de
«ficher» les étrangers après l'approbation,
mercredi, d'un article introduisant l'obligation pour les immigrés
extracommu nau taires de fournir leurs empreintes digitales. «Je ne
vois pas où est le scandale, a répliqué le ministre de
l'Intérieur, Claudio Scajola. Nous introduirons bientôt pour
tout le monde la carte d'identité électronique avec les emprein
tes digitales et ce sera aussi le cas dans toute l'Europe.»
Reculs. Pêle-mêle, Sergio Briguglio, responsable des questions
d'immigration pour l'organisation Caritas, pointe les reculs du projet de loi
: le délai nécessaire pour obtenir sa carte de séjour
passe de cinq à six ans, les immigrés ayant perdu leur emploi
n'ont plus que six mois (au lieu d'un an) pour quitter l'Italie, et quasiment
tous les étrangers en situation irrégulière seront
immédiatement raccompagnés à la frontière. Le
texte permet également l'utilisation de navires militaires pour
intercepter les bateaux chargés de clandestins. «Plusieurs
mesures sont d'ordre symbolique ou modifient les choses du point de vue
quantitatif plus que qualitatif», analyse cependant Sergio Briguglio.
«Le gouvernement cherche à faire croire qu'il met en oeuvre
une véritable révolution de la politique d'immigration
italienne, estime également Ferruccio Pastore, spécialiste des
questions migratoires à l'institut de recherche Cespi. Il minimise ce
qui a été fait par les gouvernements précédents
et exagère les changements introduits. En réalité, les
nouvelles dispositions devraient surtout compliquer la vie quotidienne des
étrangers qui, pour de multiples raisons administratives, risquent in
fine de se retrouver en situation irrégulière.» Les
experts estiment également que l'abolition de la figure du
«garant», introduite en 1998, risque de multiplier le nombre de
clandestins. Cette disposition permettait à des étrangers
parrainés par des «sponsors» d'obtenir un permis de
séjour d'un an, le temps de trouver du travail. Désormais,
l'entrée dans la péninsule est conditionnée à
l'obtention préalable d'un contrat de travail. «Rendre plus
difficile les entrées légales est absurde»,
dénonce Sergio Briguglio.
D'autant que les entrepreneurs du nord de l'Italie se plaignent d'un manque
de main-d'oeuvre chronique.
Saisonniers. Le gouvernement n'a pas encore fixé, pour 2002, le
nombre de nouveaux immigrés autorisés à venir (83 000 en
2001). Pour l'heure, seuls 47 000 extracommunautaires ont obtenu un permis de
séjour temporaire pour des travaux saisonniers. Unie sur les mesures
de lutte contre les clandestins, la majorité est par contre
profondément divisée lorsqu'il s'agit de prendre acte de la
situation sur le terrain. Un amendement des centristes de l'UDC propose la
régularisation de quasiment tous les étrangers disposant d'un
emploi. Plusieurs centaines de milliers de personnes pourraient être
concernées. Une mesure à laquelle s'oppose la Ligue du Nord.
Catégorie : Politique nationale
et internationale
Sujet(s) uniforme(s) :
Immigrants, émigrants et réfugiés; Lois et
règlements
Sujet(s) - Libération :
Berlusconi Silvio; Carte de séjour; Expulsion; Immigration
clandestine; Italie; Main d'oeuvre; Politique de l'immigration; Projet de
loi; Régularisation; Travail saisonnier
Type(s) d'article : ARTICLE
Édition : QUOTIDIEN
PREMIERE EDITION
Taille : Moyen, 403 mots
© 2002 SA Libération. Tous droits
réservés.
Doc. : 20020531LI031_05_2002_txt0093
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