CONVENTION
EUROPÉENNE
LUNDI 24 JUIN 2002
Oriol (NGO-CITI/INST).
– Je représente ENAR, une organisation dont les membres sont
présents dans les quinze pays de l'Union, et dont les objectifs
principaux sont la lutte contre toutes les formes de racisme, et la promotion
de l'égalité des droits et des chances. ENAR est membre de la
plate-forme sociale, une alliance d'ONG européennes du secteur social
qui, dans le cadre du groupe de contact Société Civile, travaille
avec des ONG actives dans les domaines des droits humains, du
développement et de l'environnement, ainsi qu'avec la
confédération européenne des syndicats, pour produire une
contribution commune aux travaux de la Commission. Dans un débat sur la
citoyenneté et les Institutions, il faut rappeler que des millions de
personnes participent activement au développement de l'Union, mais ne
bénéficient pas des droits découlants de la
citoyenneté tel qu'elle est définie dans le Traité CE. Ces
personnes sont exclues du processus décisionnel de l'Union. Ce sont les
ressortissants des pays tiers. Alors que le principe de non-discrimination est
au fondement-même de la construction européenne, il n'est valable
que pour les nationaux d'un Etat membre de l'Union. L'Union se construit, en
excluant des millions de personnes, pour beaucoup nées sur son
territoire. Avec l'introduction à Amsterdam du titre quatre dans le
Traité, les ressortissants de pays tiers deviennent enfin des sujets
directs du droit communautaire. Le Sommet de Tampere semblait ouvrir la voie
à l'élaboration de mesures tendant à combler
l'inégalité entre citoyens de l'Union et ressortissants des pays
tiers. A ce jour, il faut constater que, dans ce domaine, l'harmonisation est
un échec. A la suite de maintes modifications, la proposition de
directives sur le regroupement familial relatif aux ressortissants des pays
tiers est complètement vidée de son sens. Nous sommes
également sceptiques quant à la proposition de directive sur le
statut des résidents de longue durée ressortissant des pays
tiers.
Face au climat politique ambiant, face au populisme, au
replis identitaires nationaux, face aux discours racistes et xénophobes,
l'Union se doit de poser un acte fort et sans équivoque à
l'intention de la classe politique et de l'opinion publique. L'Union doit, une
fois pour toutes, reconnaître que toutes les personnes qui
résident légalement sur son territoire sont égales.
L'extension des droits liés à la citoyenneté de l'Union
aux ressortissants des pays tiers légalement établis dans l'Union
est indispensable pour maintenir et renforcer la cohésion sociale de nos
sociétés, pour combler le déficit démocratique de
l'Union et crédibiliser le projet européen qui se veut
respectueux des droits fondamentaux de la personne, qui sont, par essence,
universels et indivisibles. La Charte des Droits Fondamentaux doit
également être revue afin d'élargir les droits des
ressortissants des pays tiers. Selon la Charte, les ressortissants des pays
tiers jouissent de conditions de travail équivalentes à celles
des citoyens de l'Union. Ils devraient jouir non seulement des droits des
travailleurs, mais également des droits de tous les citoyens, notamment
le droit à la libre circulation à l'intérieur du
territoire ainsi que les droits politiques. Outre la nécessité
d'étendre des droits attachés à la citoyenneté,
nous pensons que la Convention doit voir comment associer de manière
plus étroite les citoyens à l'Union. Deux formes de
démocratie peuvent être identifiées au sein de l'Union. Une
démocratie participative et une démocratie élective.
D’une part, la démocratie élective est cruciale pour
légitimer notre système politique et doit être
renforcée au sein de l'Union, y compris en renforçant le
rôle du Parlement européen, la seule Institution élue
directement. D’autre part, la démocratie participative
représente la participation directe et collective des individus dans le
système démocratique par d'autres voies que le vote. La
démocratie participative devrait compléter la démocratie
élective. La participation devrait être accessible à toutes
et à tous. Les ONG encouragent les citoyens à participer à
la vie politique et sociale de la société et, par
conséquent, contribuent fortement au développement de la
démocratie. Nous pensons que les ONG devraient jouer un rôle
consultatif important dans l'élaboration des politiques de l'Union, ce
qui contribuerait à une plus grande implication des citoyens au projet
européen. C'est pourquoi nous demandons la reconnaissance du statut
consultatif des ONG, garantie d’un dialogue civil structuré et
permanent avec toutes les institutions, via l'inclusion dans les Traités
d'un article sur la consultation de la société civile.