CES - BRUXELLES 09-10/09/02

 

CITOYENNETE EUROPEENNE DE RESIDENCE

 

 

Monsieur le prÈsident,

Mesdames, Messieurs,

 

La Convention pour l'avenir de l'Europe prÈpare un "projet constituant" Elle sera amenÈe ý se pencher sur la citoyennetÈ de l'Union europÈenne (UE), dÈfinie ý l'article 17 de la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne : "est citoyen de l'Union europÈenne toute personne ayant la nationalitÈ d'un Etat membre".

 

Avant le traitÈ, il y avait les nationaux et les Ètrangers. Des  Etats avaient donnÈ le droit de vote et d'ÈligibilitÈ pour certaines Èlections locales ý tous les Ètrangers. En ne donnant la citoyennetÈ de l'UE qu'aux ressortissants des Etats membres, l'UE, souvent accusÈe de se construire en forteresse, prolonge les murs ý l'intÈrieur et divise les Ètrangers en fonction de leur nationalitÈ. DÈsormais, trois catÈgories de personnes ont des droits diffÈrents sur un mÍme territoire :

-       les nationaux sur le territoire de l'Etat membre dont ils ont la nationalitÈ,

-       les citoyens de l'UE, vivant dans un Etat membre dont ils n'ont pas la nationalitÈ ont des droits prÈcisÈs par le traitÈ (notamment droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales et europÈennes),

-       les ressortissants des Etats tiers ont ou n'ont pas le droit de vote ý certaines Èlections locales en fonction de la lÈgislation de l'Etat de rÈsidence.

 

Dans les principes, les choses sont claires. La Charte europÈenne des droits fondamentaux, s'appuyant "sur les valeurs indivisibles et universelles de dignitÈ humaine, de libertÈ, d'ÈgalitÈ et de solidaritÈ" proclame que 'toutes les personnes sont Ègales en droit" (art. 20) et mÍme interdit "toute discrimination fondÈe sur la nationalitÈ"  (art. 21-2) sous rÈserve de "dispositions particuliËres" des traitÈs. La Charte ne rÈserve pas dignitÈ, libertÈ, ÈgalitÈ, solidaritÈ aux seuls citoyens de l'UE et l'interdiction des discriminations en fonction de la nationalitÈ est la rËgle. MÍme si l'attribution de la citoyennetÈ fait partie des "dispositions particuliËres".

 

La crÈation de la citoyennetÈ de l'UE a rendu obsolËtes nombre d'arguments avancÈs contre l'attribution du droit de vote aux Ètrangers et a bien montrÈ qu'il s'agit d'une question de volontÈ politique. Les citoyens de l'UE ont le droit de vote et d'ÈligibilitÈ dans les mÍmes conditions que les nationaux : il n'est plus question de durÈe de rÈsidence ou d'intÈgrationÖ Aujourd'hui les ressortissants polonais, hongroisÖ sont exclus de la citoyennetÈ de l'UE et quand, demain, la Pologne, la Hongrie auront adhÈrÈ ý l'UE, leurs ressortissants seront des citoyens de l'UE sans que leurs qualitÈs, leurs mÈrites aient ÈtÈ modifiÈs.

 

La Commission a pu dire que jouir "de droits identiques ý ceux des nationaux" est un facteur d'intÈgration (Proposition de directive sur le droit de vote des ressortissants des Etats membres aux Èlections municipales dans l'Etat membre de rÈsidence COM (88) 371 final 24 juin 1988). Si cela est vrai, pourquoi ne les attribuer qu'ý certains ? Est-ce par volontÈ d'intÈgrer les uns et non les autres ? Qui a intÈrÍt ý la prÈsence de populations non intÈgrÈes socialement, Èconomiquement, politiquement ?

 

L'attribution de la nationalitÈ et donc, indirectement, de la citoyennetÈ de l'UE est du ressort de chaque Etat. D'o˜ des inÈgalitÈs. Deux frËres viennent de Turquie, l'un s'installe en Belgique, l'autre en Allemagne. Le premier devient belge au bout de 7 ans, par simple dÈclaration. L'autre, en Allemagne, reste turc. Si le travailleur belge, d'origine turque, rejoint son frËre en Allemagne, il jouira de la citoyennetÈ de l'UE, dËs son arrivÈe, sans aucune acculturation, alors que son frËre, vivant en Allemagne, parfaitement intÈgrÈ, en sera exclu ! Il semble normal que chaque pays puisse dire qui est national et qui ne l'est pas. Et tout aussi normal que l'UE dise qui est citoyen de l'UE et qui ne l'est pas, sans devoir passer par la nationalitÈ.

 

Il ne s'agit pas de rompre le lien nationalitÈ-citoyennetÈ mais de lui Ùter l'exclusivitÈ. Ce lien paraÓt si "naturel" que, bien souvent, citoyennetÈ et nationalitÈ, sont employÈs indiffÈremment. Y compris par ceux qui votent ou commentent la loi ! Ce lien, seulement historique, est sacralisÈ par la notion de nationalitÈ ressentie comme essentielle, intangible, incrÈÈe. Cependant, si les lÈgislations sur la nationalitÈ combinent deux principes, droit du sol et droit de la filiation, elles le font de faÁons trËs diverses. Les lois sur la nationalitÈ varient dans le temps et dans l'espace en fonction des intÈrÍts rÈels ou supposÈs des Etats.

 

Lors du recensement de la population en 1999, la France comptait 3 260 000 Ètrangers. Le dÈmographe HervÈ Le Bras a Ècrit qu'avec la lÈgislation des Etats-Unis, "les 510 000 Ètrangers nÈs en France seraient franÁais. Et si c'Ètait la lÈgislation des pays d'AmÈrique latineÖ. On ne compterait alors que 638 000 Ètrangers" ! (Coup de Soleil nƒ21) Il aurait pu ajouter qu'avec la loi allemande avant la derniËre rÈforme ou la loi suisse, ils seraient 6 ou 7 millions ! Ainsi, suivant la lÈgislation envisagÈe, la population "ÈtrangËre" de France varie de 600 000 ý 6 millions ! Ceci relativise les notions d'Ètranger et de national.

 

La loi sur la nationalitÈ varie dans un pays au cours de l'histoire et aussi le lien entre nationalitÈ et citoyennetÈ. La rÈcente loi belge va faire diminuer le nombre d'Ètrangers. Dans la France coloniale, les habitants de l'AlgÈrie Ètaient franÁais mais seuls Ètaient citoyens les colonisateurs. Jusqu'en 1870 o˜ le dÈcret CrÈmieux a "naturalisÈ tous les juifs d'AlgÈrie" (Qu'est-ce qu'un FranÁais ? Histoire de la nationalitÈ franÁaise depuis la RÈvolution, Grasset, 2002). L'auteur, Patrick Weil, emploie le mot "naturalisÈ" alors que les juifs d'AlgÈrie Ètaient franÁais ! Le marÈchal PÈtain, en 1940, abroge ce dÈcret : "110 000 juifs d'AlgÈrie ont ÈtÈ ramenÈs du statut de citoyen ý celui de sujet" (Patrick Weil) ! Cette vision ethniciste n'est pas l'exclusivitÈ de certains rÈgimes. Dans l'immÈdiate aprËs-guerre, le gÈnÈral de Gaulle, ý propos des naturalisations recommandait "de subordonner le choix des individus aux intÈrÍts nationaux dans les domaines ethnique, dÈmographique, professionnel et gÈographiqueÖ Sur le plan ethnique, limiter l'afflux des mÈditerranÈens et des OrientauxÖ" (Patrick Weil). La nature ethnique (culturelle ? raciale ?) apparaÓt ici sans fard comme, au Royaume Uni, avec les "patrial" ou, en Allemagne, avec les "Aussiedler". L'entrÈe dans le devenir commun par la nationalitÈ, par la naturalisation est, souvent, une entrÈe par l'ethnicitÈ.

 

L'UE n'est pas un Etat au sens classique du terme et encore moins un Etat-nation mÍme si elle a un drapeau, un territoire, une monnaie, un parlement... Elle est, par nature, multiculturelle. Elle ne peut construire une communautÈ politique se rÈclamant de la dÈmocratie, de l'ÈgalitÈ, de l'universalisme en excluant des millions de personnes ! Elle doit Ítre une communautÈ de citoyens. D'ailleurs, la Commission reÁoit un nombre non nÈgligeable de demandes pour obtenir la citoyennetÈ de l'UE sans passer par la citoyennetÈ d'un Etat membre (TroisiËme rapport de la Commission sur a citoyennetÈ de l'UE). Si cela Ètait possible, la nationalitÈ pourrait n'avoir qu'une signification identitaire. Elle dÈfinirait une appartenance (ethnique, confessionnelle, culturelle) et la citoyennetÈ un mode d'agir ensemble, de participer ý une communautÈ de destin. Encore faut-il que l'UE accepte rÈellement et la variÈtÈ des cultures et l'universalisme qu'elle proclame. Elle ne peut se contenter d'un multiculturalisme et d'un universalisme mesquins sans en payer, un jour, les consÈquences quand ceux qui sont rejetÈs aujourd'hui par cet universalisme se tourneront vers d'autres valeurs.

 

La nationalitÈ n'est pas seule crÈatrice de droits, y compris politiques. Le travail et, de plus en plus, la rÈsidence jouent ce rÙle, depuis les droits des sans papiers jusqu'au droit d'accËs ý la nationalitÈ en passant par les droits sociaux, syndicaux, culturels. Les sans papiers ont des droits du seul fait qu'ils sont lý. Ces droits sont minimes, souvent inappliquÈs mais ils existent. Leur rÈgularisation est souvent fonction de la durÈe de leur rÈsidence (illÈgale !) dans le pays ! La rÈsidence lÈgale donne aussi droit d'accËs ý la nationalitÈ : ainsi, avec de 7 annÈes de prÈsence, il est possible d'acquÈrir la nationalitÈ belge par simple dÈclaration et donc tous les droits des nationaux. Mais si la personne ne demande pas la nationalitÈ, ces 7 annÈes de sÈjour ne lui permettent pas de demander la citoyennetÈ mÍme locale  !

 

Des droits considÈrÈs, hier, comme politiques sont, dans les pays dÈmocratiques, aujourd'hui reconnus aux rÈsidents Ètrangers : s'associer, s'exprimer, manifester, se syndiquerÖ La rÈsidence donne aussi des droits politiques au sens strict du terme En France, les partis sont de simples associations. Le droit d'association Ètant le mÍme pour les Ètrangers et les nationaux, un Ètranger peut en Ítre membre ou mÍme prÈsident. Mais seul le citoyen de l'UE peut voter ý une Èlection municipale !!! Il en est de mÍme dans d'autres pays qui n'accordent pas le droit de vote (Allemagne, BelgiqueÖ).

 

La nationalitÈ rÈpond ý la question "Qui sommes nous ?" avec des rÈponses  multiples car les appartenances sont diverses : situation familiale, profession, religion, sexe, ’geÖ Il n'est pas question de nier les liens qui existent entre personnes d'une mÍme communautÈ, d'une mÍme nationalitÈ. MÍme si ces liens font souvent rÈfÈrence ý un passÈ mythique o˜ des ancÍtres communs fondent l'attachement au droit du sang. Mais cette histoire mythique, au niveau national, l'est encore plus au niveau europÈen.

 

La citoyennetÈ rÈpond ý la question "Comment vivre ensemble sur le mÍme territoire ?" La citoyennetÈ implique une relation aux autres, conflictuelle mais Ègalitaire. Chacun doit pouvoir participer ý la construction d'un avenir commun par son apport professionnel, sportif, artistique, dÈmographiqueÖ mais aussi au moment des prises de dÈcision. La participation aux dÈcisions est facteur de cohÈsion sociale. Peut-on imaginer, en dÈmocratie, une rÈelle ÈgalitÈ dans l'application de la loi sans ÈgalitÈ au niveau de son Èlaboration ? Etendre la citoyennetÈ de l'UE serait lÈgitimer une citoyennetÈ de fait qui s'exprime dÈjý ý travers la militance syndicale, associative, la vie du quartier, de l'entreprise, de l'Èglise, du club sportifÖ A cette citoyennetÈ vÈcue doit correspondre la citoyennetÈ lÈgale. Sous peine de voir naÓtre des frustrations. Donner le droit de citoyennetÈ, c'est surtout lÈgitimer la prÈsence, reconnaÓtre le droit d'avoir des droits, d'en revendiquer des nouveaux.

 

L'Etat nation a prÈcÈdÈ la citoyennetÈ dÈmocratique et a probablement permis son Èpanouissement. Mais il n'y a pas un peuple europÈen, il n'y a pas un Etat nation europÈen. La diversitÈ est constitutive de l'UE. Pourquoi ne pas fonder "l'EuropÈanitÈ" sur la citoyennetÈ, sur l'adhÈsion aux principes fondateurs, sur la participation aux dÈcisions ? L'identitÈ europÈenne ne peut Ítre ethnique, elle peut Ítre citoyenne. L'adhÈsion par la nationalitÈ, c'est l'adhÈsion ý une communautÈ mythique constituÈe. L'adhÈsion par la citoyennetÈ, c'est l'engagement dans un projet politique par la raison, la volontÈ de construire ensemble.

 

Le prÈsident Romano Prodi,  (Colloque ´ Une constitution pour le futur de l'Europe ª FONDATION CARIPLO Milan, 15 juillet 2002), semble aller dans ce sens quand il affirme que "le concept de citoyennetÈ europÈenne doit Ítre au coeur mÍme du projet europÈen", qu'il faut "construire une sociÈtÈ dÈmocratique europÈenne", non "un super Štat" mais "enrichir le concept de citoyennetÈ d'une dimension nouvelle. La citoyennetÈ europÈenne doit devenir aussi un important facteur d'intÈgration sociale de tous les immigrants lÈgaux dans l'UnionÖ  Ce seraitÖ un moyen d'attÈnuer la tension croissante entre les lois sur la nationalitÈ et sur la citoyennetÈ et le phÈnomËne de l'immigration."

 

L'Èlargissement va entraÓner l'attribution de la citoyennetÈ ý la quasi totalitÈ des europÈens. Les Ètrangers venus d'Afrique, d'AmÈrique, d'Asie seront les seuls "ressortissants des Etats tiers". La discrimination apparaÓtra alors encore plus comme ethnique, raciale. Peut-on oublier l'Èlargissement vers l'intÈrieur et laisser ý l'Ècart des millions de personnes qui vivent ici, quelquefois depuis longtemps.

 

La situation politique europÈenne rend nÈcessaire un changement de dÈfinition de la citoyennetÈ de l'UE. C'est une "urgence constitutionnelle" : en 2004, sera mise en place une Constitution. Si rien n'est fait, la dÈfinition actuelle donnera une force constitutionnelle ý cette discrimination qui risque d'Ítre dÈfinitive !

 

Revendiquer la citoyennetÈ, ce n'est pas seulement revendiquer le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales et europÈennes. C'est revendiquer l'ÈgalitÈ citoyenne, c'est ý dire l'ÈgalitÈ des droits pour aujourd'hui et aussi pour demain. C'est ý dire les droits qui seront attribuÈs demain aux citoyens de l'UE.

 

ENAR, qui lutte contre le racisme et les discriminations, propose une nouvelle rÈdaction de l'article 17 de la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne : "est citoyenne de l'UE toute personne ayant la nationalitÈ d'un Etat membre ou rÈsidant lÈgalement sur le territoire d'un Etat membre".

 

DE LA COUPE AUX LEVRES

            Une fois les droits acquis tout n'est pas rÈglÈ. Les multiples discriminations qui existent en pratique dans la sociÈtÈ civile le prouvent. Mais il existe aussi des discriminations au niveau politique.

           

            1ƒ) Le traitÈ de Maastricht date de 1992 et il a fallu attendre mars 2001 pour que la citoyennetÈ au niveau municipal entre dans les faits, la France Ètant le dernier pays de l'UE ý faire participer les citoyens de l'UE aux Èlections municipales.

            2ƒ) D'aprËs un rapport de la CE au PE, les citoyens de l'UE en France constituent 2,4% de la population, ils ne constituent d'aprËs le ministËre de l'IntÈrieur que 0,24% des Èlus dans les villes de 3 500 habitants ou plus.

            3ƒ) Evidement les choses ne sont pas meilleures quand il s'agit des FranÁais d'origine maghrÈbine ou noire africaine :

 

Type d'Èlection

Date

Nb d'Èlus

%

EuropÈennes

1994

0

0

LÈgislatives

1997

1

0,17

RÈgionales

1998

4

0,24

EuropÈennes

1999

4

5

Municipales(villes > 50 000)

2001

 

 

Ma/Af N

 

150

3,4

EU

 

16

0,36

LÈgislatives

2002

0

0


On est parti de bas en 1994 avec 0% pour ne pas arriver trËs haut en 2002 : 0% !!!

 

            4ƒ) Si on Ètudie les cadres des partis politiques : sur 915 cadres de 10 partis politiques 19 sont d'origine maghrÈbine ou noire africaine (2,1%), ils ont des postes de responsabilitÈ dans  l'intÈgration (4), la citoyennetÈ (3), l'Ècole et le pÈriscolaire (2), la cohÈsion nationale, le contrat-ville, les harkis, la dÈlinquance, la pauvretÈ" prÈcaritÈ, la vie quotidienne, les communautÈs venant des DOM TOM, la formation, les commissionsÖ Il semble que les membres des partis sont assignÈs ý des t’ches identitaires !

 

C'est particuliËrement grave car ce sont les partis politiques qui dÈtiennent, en thÈorie et en pratique, les clÈs de la citoyennetÈ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CITOYENNETE (EUROPEENNE) DE RESIDENCE

 

 

1) PRINCIPES
           
DUDH
            Charte de Nice
            TraitÈ d'Amsterdam
           
Tampere
            Proposition de circulaire "rÈsident de longue durÈe"

2) SITUATION ACTUELLE
            Droits des citoyens et des ressortissants des Etats tiers

3) DROIT DE LA NATIONALITE
31) Droit du sol
Terres conquises (Alsace ?)
CWW ou PW
Empire
32) Droit du sang
Nos ancÍtres les G
Aussiedler/Patrials/Finlande/les (Ingriens de la rÈgion de Saint Petersbourg) ÈmigrÈs (Italiens, AlgÈriens, France)
RÈforme du code en France en 1993 : DZ
33) Binationaux
34) Naturalisations
Meilleure faÁon de faire disparaÓtre les Ètranges
Refus/ajournements
Sondage Express 1990

4)  RESIDENCE
            CrÈatrice de droits

            Pour les personnes
            Pour les villes et les Etats (Èlus, subventions)
            Poids du quartier

5) NATIONALITE CITOYENNETE EUROPE

6) INCOHERENCES

7) ALLIES
            71) Conseil de l'Europe
            72) Parlement europÈen

8) ARGUMENTAIRE
           
Arguments obsolËtes
            RÈciprocitÈ

9) DROITS DES CITOYENS DE L'UE

10) DROITS POLITIQUES
           
GÈomÈtrie variable
            Discrimination politique

11) LES EXCLUSIONS
            France : Èlus, cadres, Citoyens de l'UE et Èlections
            Ailleurs
            Le quartier

12) CONCLUSION
            Ses propres valeurs

 

 

NB : Enid W

 

 

 

 

 

 

 1) PRINCIPES

CONCLUSIONS DE TAMPERE, 15-16/10/99 : "le statut juridique des ressortissants de pays tiers (rÈsidents lÈgaux de longue durÈe) devrait Ítre rapprochÈ de celui des ressortissants des Etats membres" afin de leur octroyer "un ensemble de droits uniformes aussi proches que possible de ceux dont jouissent les citoyens de l'UE".

Proposition de DIRECTIVE DU CONSEIL relative au statut des ressortissants de pays tiers rÈsidents de longue durÈe  (prÈsentÈe par la Commission) Bruxelles, le 13.3.2001 COM(2001) 127 VERSION PROVISOIRE 2001/0074 (CNS)

1.6.   Dans le respect du principe de líuniversalisme, les droits ÈnumÈrÈs dans la Charte sont, pour la plupart, reconnus ý toute personne indÈpendamment de sa nationalitÈ ou de son lieu de rÈsidence ; la Charte consacre donc un certain nombre de droits reconnus aux nationaux des Etats membres et aux ressortissants de pays tiers qui y rÈsident. En ce sens, elle atteste des traditions et de líattitude positive de líUE vis-ý-vis díune ÈgalitÈ de traitement entre citoyens de líUE et ressortissants de pays tiers.

 5.1.  L'Union europÈenne est par sa nature mÍme une sociÈtÈ pluraliste riche de multiples traditions culturelles et sociales, qui, ý l'avenir, se diversifieront plus encore.  Il convient donc de respecter les diffÈrences culturelles et sociales, mais aussi les valeurs et principes fondamentaux que nous partageons: respect des droits de l'homme et de la dignitÈ humaine, attachement au pluralisme et ý la reconnaissance du fait que l'appartenance ý une sociÈtÈ se fonde sur une sÈrie de droits mais implique aussi un certain nombre d'obligations pour tous ses membres, qu'il s'agisse de ressortissants nationaux ou d'immigrÈs.  Le fait de prÈvoir l'ÈgalitÈ en ce qui concerne les conditions de travail et d'accËs aux services, ainsi que l'octroi de droits civils et politiques aux immigrÈs titulaires d'un titre de sÈjour de longue durÈe entraÓne pareilles obligations et favorise l'intÈgration. î
5.5.   Si líÈvolution politique reconnaÓt incontestablement líimportance que le droit de vote et líaccËs ý la nationalitÈ revÍtent pour líintÈgration des ressortissants de pays tiers qui sont rÈsidents de longue durÈe, le TraitÈ CE níoffre pas de base juridique spÈcifique pour en traiter
. Le droit de vote ne souffre líingÈrence communautaire que pour les Èlections municipales et europÈennes et quíen faveur des citoyens de líUnion. LíaccËs ý la nationalitÈ est du domaine privilÈgiÈ et exclusif des compÈtences nationales. La prÈsente proposition níaborde donc pas ces deux aspects, mÍme síil faut souligner que le Conseil europÈen rÈuni ý Tampere ì a fait sien líobjectif díoffrir aux ressortissants de pays tiers rÈsidant lÈgalement depuis longtemps dans líUnion la possibilitÈ díobtenir la nationalitÈ de líEtat membre dans lequel ils rÈsident î.
5.6
La Commission considËre quíune intÈgration pleine et entiËre passe Ègalement par le droit des rÈsidents de longue durÈe de sÈjourner dans les autres Etats membres et que le moment est donc venu de mettre en úuvre líarticle 63 paragraphe 4 du TraitÈ CE. ... Il faut aussi souligner que líarticle 45 de la Charte des droits fondamentaux de líUnion europÈenne confirme que ì la libertÈ de circulation et de sÈjour peut Ítre accordÈe, conformÈment au traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne, aux ressortissants rÈsidant lÈgalement sur le territoire díun Etat membre î.
Art 12 : libertÈ díassociation
et affiliation et engagement dans une organisation de travailleurs ou díemployeurs ou ý toute organisation dont les membres exercent une profession donnÈe, y compris les avantages procurÈs par ce type díorganisation ; Proposition de DIRECTIVE DU CONSEIL relative au statut des ressortissants de pays tiers rÈsidents de longue durÈe  (prÈsentÈe par la Commission) Bruxelles, le 13.3.2001 COM(2001) 127 VERSION PROVISOIRE 2001/0074 (CNS)

5) CITOYENNETE
- La citoyennetÈ peut parfaitement s'exercer au niveau infra-national ou supranational.
            Le droit communautaire europÈen est en train de faire naÓtre une citoyennetÈ fondÈe sur une conception, commune ý tous les EuropÈens,  de solidaritÈ et de justice sociale
. D'ailleurs, le citoyen europÈen peut plaider devant 2 Cours de justice europÈennes Èventuellement contre son propre Etat national.
- La nation, lieu de l'affectivitÈ, lieu du partage d'une mÍme culture et d'une mÍme histoire.
L'espace public europÈen, lieu de la loi.
            Critique : les pratiques de la citoyennetÈÖ impliquent qu'il existe des lieux, ý la fois au sens abstrait et concret du terme, o˜ les citoyens, hommes politiques et experts puissent se parler, se comprendre et tenter de se convaincre sans utiliser la violence. Cela suppose que tous les membres partagent sinon une langue, du moins un langage, une culture et des valeurs communes.
            Les sociÈtÈs humaines ne sont pas constituÈes de sujets de droit ou de citoyens mais d'individus concrets avec leurs passions et leurs fidÈlitÈs particuliËres. Une sociÈtÈ politique purement civique pourrait-elle mobiliser les peuples et leur permettrait-elle de former une sociÈtÈ ? Peut-on intÈgrer les hommes par des idÈes aussi respectables que l'Etat de droit ou le "patriotisme constitutionnel" mais aussi abstraits ?
            Toute nation est ý la fois civique et ethnique.
La sociÈtÈ fondÈe sur la citoyennetÈ est un projet civique donc ý vocation universelleÖ Mais c'est aussi une sociÈtÈ historique, ý la fois communautÈ de culture, lieu de mÈmoire collectif et d'identitÈ historiqueÖ La singularitÈÖ le lien civique et le principe de la citoyennetÈ doivent en derniËre analyse avoir la prÈÈminence sur tous les particularismes historiques ou religieux, sur les solidaritÈs domestiques ou claniques.

            La sociÈtÈ fondÈe sur la lÈgitimitÈ, les valeurs et les institutions de la citÈ est une forme d'organisation aussi improbable que fragile. Elle ne fonctionne que lorsque l'espace public s'est construit qui transcende la sociÈtÈ concrËte, ses diversitÈs et ses inÈgalitÈs. C'est une sociÈtÈ fragile o˜ les liens qui unissent les hommes sont juridiques et politiquesÖ Elle affirme contre l'expÈrience sociale concrËte, l'ÈgalitÈ civile, juridique et politique d'individus divers et inÈgaux par leurs origines, leurs capacitÈs.
            La citoyennetÈ est une utopie crÈatrice
Ö Elle fait inÈvitablement appel ý la notion de communautÈ, de langue, d'histoire. Elle ne peut Ítre pure rationalitÈ. SCHNAPPER Dominique : QU'EST-CE QUE LA CITOYENNETE ? Folio actuel

CitoyennetÈ et espace public europÈens
1) en renonÁant ý faire de l'Štat le lieu et l'ÈlÈment de son identification subjective 
 2) la communautÈ n'accËde ý sa dimension spÈcifiquement politique par laquelle, seule, elle peut prendre en charge l'administration des affaires publiques et promouvoir un ìvivre-ensembleî citoyen, qu'en s'arrachant ý tout ancrage particulariste, et en renonÁant ý vouloir substituer une communautÈ identificatoire d'ordre supÈrieur aux multiples et contradictoires communautÈs qui la constituent, bref en rÈcusant avec autant de radicalitÈ toute logique communautariste et toute logique individualiste.
On doit donc dissocier l'Ítre individuel (l'Ítre-soi) ou communautaire (l'Ítre-commun) qui obÈit tout entier ý une logique identitaire, de l'action citoyenne et politique (qui constitue ce qu'Aristote appelait le ìvivre-ensembleî ou Hannah Arendt ìl'agir concertÈî),
ìQui sommes-nous ?î et sa traduction pragmatique (ìAffirmons notre identitÈ avant tout pour la prÈserverî) n'a aucune signification politique alors qu'elle est au coeur de la revendication communautariste. En revanche, la question politique proprement dite : ìQue faisons-nous (ensemble) ?î ou ìQu'avons-nous ý faire ensemble ?î (en qualitÈ de citoyens libres, justes, Èquitables, etc ..., et respectueux de nos identitÈs en elles-mÍmes apolitiques) trouve une traduction ontologique immÈdiate dans la possibilitÈ d'une affirmation de sa singularitÈ individuelle.
Premier axe : la citoyennetÈ n'est pas la nationalitÈ Ö Agir est le mode d'Ítre du citoyen. De l'action dÈpend l'institution et le maintien d'un espace public de dÈlibÈrations et de revendications qui permet au droit de s'actualiser. Le citoyen est acteur et agent. Si la citoyennetÈ est un mode d'action et non un mode d'Ítre, le citoyen se dÈfinit moins par son appartenance communautaire (son identitÈ ethnique, confessionnelle, culturelle ou nationale) que par son activitÈ dans la sphËre publique, toujours liÈe ý celle des autres citoyens. L'activitÈ du citoyen ne se confond pas avec l'identitÈ du national. La citoyennetÈ est un lien plus qu'une propriÈtÈ, lien tissÈ dans l'action politique d'un ìvivre-ensembleî qui ne recoupe pas les communautÈs gentilices au sein desquelles les individus s'identifient. La citoyennetÈ peut alors Ítre indÈpendante de la nationalitÈ.
Or l'Èmergence inÈdite d'une union politique europÈenne exige, elle, un concept politique de citoyennetÈ qui ne soit en rien redevable de l'appartenance nationale. C'est ce qui rend l'institution d'une ìcommunautÈî politique europÈenne et la mise en place d'une concitoyennetÈ europÈenne sous la forme d'un espace public de citoyennetÈ post-nationale particuliËrement intÈressants et importants dans le double contexte historique du dÈclin de la figure de l'Etat-nation en Europe occidentale et de la recrudescence d'une forme nationaliste de reconnaissance identitaire consÈcutive ý l'effondrement des ìempiresî d'Europe orientale.
DeuxiËme axe : le bien public n'est pas un bien commun. Parce que la notion d'espace public europÈen ne recouvre pas celle de communautÈ nationale, la seule prÈservation d'un bien communautaire ne peut pas constituer un bien public. L'enjeu de toute citoyennetÈ est l'institution de ce que nous pouvons appeler, aprËs H. Arendt, ìun monde communîÖ l'institution d'un espace public est en lui-mÍme le ìbien publicî auquel se rapporte tout individu particulier et toute communautÈ particuliËre comme son unique ìbien communî. Si chaque individu comme chaque communautÈ s'identifie selon des schËmes d'identifications diffÈrents, incompatibles, voire exclusifs les uns des autres (et allant jusqu'ý occasionner les pires manifestations de haine qu'on peut observer ces temps-ci aussi bien en Europe qu'en Afrique ou en AmÈrique), l'institution d'un espace public de citoyennetÈ peut bien constituer l'enjeu de toute politique puisqu'elle seule peut donner naissance par-delý l'exclusivisme communautariste ý un monde commun, non originaire, non natif, mais politiquement instituÈ lý o˜ fait dÈfaut une communautÈ de naissance, comme le lieu et l'enjeu d'un ìvivre-ensembleî.qui ne renie rien des particularisme identificatoires mais les transcende nÈanmoins dans l'assomption d'un monde commun.
Pour le dire autrement, si le nationalisme se dÈfinit comme la congruence de l'appartenance culturelle et de l'unitÈ politique (E. Gellner), l'espace public de citoyennetÈ europÈenne invite ý sortir du schÈma statonational qui a prÈvalu en Europe depuis la fin du Moyen-¬ge. Non qu'il faille que la citoyennetÈ ignore le fait culturel ou national en sa particularitÈ, mais elle n'a jamais ý se confondre avec lui. La citoyennetÈ se comprend alors comme ce rÈgime politique de l'existence commune d'un individu qui articule son affirmation identitaire (et le monde particulier o˜ celle-ci s'affirme) ý l'instauration d'un espace public d'actions critiques et crÈatrices de droits et ý l'affirmation d'un monde commun qui n'est certes pas un bien prÈfÈrable en soi aux communautÈs particuliËres d'existence individuelle mais qui en est la condition.
TroisiËme axe : Le conflit dÈmocratique est condition du civisme ... Il n'y a ni droit ni sociÈtÈ dÈmocratique sans l'institution d'un espace de conflit qui transforme la simple opinion (affirmation d'un ìÍtre-quelque choseî, expression sauvage d'une identitÈ non assumÈe) en objet de dialogue et de controverse publique. .. Le conflit dÈmocratique est source de solidaritÈ civique.
Le fondement du civisme rÈpublicain ý l'Èchelle europÈenne ne peut plus Ítre le sentiment national. C'est au contraire l'action civique fondÈe dans la reconnaissance d'une citoyennetÈ europÈenne qui fonde la possibilitÈ d'une reconnaissance sociale et politique des communautÈs.
La mise en place d'une communautÈ politique post-nationale et d'une citoyennetÈ europÈenne devient le socle et le ferment d'une solidaritÈ sociale et d'une culture civique. . . La solidaritÈ dont se soutient le civisme europÈen n'est plus ancrÈe dans l'orgueil national mais dans la reconnaissance commune de principes Èthico-juridiques qui rËglent l'expression des diffÈrends au sein d'un mÍme espace public, et assurent un lien politique et social constamment dÈlibÈrÈ.
QuatriËme axe : L'Europe n'est pas un Etat, mais un espace public. ..  La question politique de l'Europe est celle de l'Ètablissement d'une concitoyennetÈ qui substitue la coresponsabilitÈ des actions ý l'identitÈ des comportements, des croyances ou des moeurs. Elle est celle de savoir sur quels principes nous entendons nous comprendre nous-mÍmes comme citoyens et agir en tant que tels dans l'espace public ouvert par les institutions europÈennes. L'Europe ne correspond pas au projet d'incarner et d'institutionnaliser une identitÈ communautaire originaire ou une volontÈ
commune. Bien au contraire, la communautÈ europÈenne renverse le schÈma habituel de l'Etat-nation : loin d'Ítre la condition de l'institution politique, la communautÈ europÈenne en est la rÈsultante. Au lieu de partir d'un groupe communautaire fortement identifiÈ et cherchant ý se doter d'un cadre politique, la communautÈ europÈenne s'est faite petit ý petit par intÈgration fonctionnelle dans des secteurs Èconomiques puis sociaux et culturels. ..  l'Europe peut prÈtendre aujourd'hui faire prÈvaloir un espace public politique de citoyennetÈ partagÈe et d'actions concertÈes sur une communautÈ originaire qui depuis toujours fait dÈfaut.
Le seul projet dont peut se prÈvaloir la communautÈ europÈenne est alors celui d'une co-participation aux affaires publiques, celui de la mise en place d'une communautÈ d'activitÈs et non d'une communautÈ d'identitÈ, communautÈ d'activitÈs qui rend possible une co-action de citoyens dont les identitÈs nationales particuliËres ne se conjuguent pas nÈcessairement, voire sont prises dans des antagonismes culturels. Etienne Tassin

5) La citoyennetÈ est un droit ouvert ý tout Ítre humain proclamÈ comme tel dans la DÈclaration de 1789. ... La citoyennetÈ franÁaise níest plus un droit mais une faveur entre les mains du pouvoir exÈcutif du moment... La citoyennetÈ et la nationalitÈ sont bien deux notions diffÈrentes. La premiËre a une dimension essentiellement politique et síil faut la situer dans une communautÈ dÈterminÈe, elle dÈsigne avant tout la participation ý une vie politique particuliËre. La nationalitÈ, au contraire, mÍme si elle est prÈsentÈe comme un terme purement politique ou juridique, contient immÈdiatement líappartenance ý un groupe culturel, renvoie toujours au partage díune identitÈ objective commune.... Bertrand HÈrisson HM mars avril 1997

 

 La citoyennetÈ est une construction de la raison contre les dÈterminismes de la natureÖ La nationalitÈ est donc le lien qui rattache un individu ý son groupe qualifiÈ de naturel... L'appartenance ý la nation n'est pas susceptible d'un acte de volontÈ, tout se passe comme si l'humanitÈ Ètait prise dans un dÈterminisme irrÈpressible... La nationalitÈ est une donnÈe de la nature que la raison doit reconnaÓtre.
La citoyennetÈ est toujours une conquÍte
. HM mars 1996 Un statut de citoyen, parade contre l'exclusion des jeunes ? Michel Miaille

7) ALLIES
Recommandation 1500 (2001)Participation des immigrÈs et des rÈsidents Ètrangers ý la vie politique dans les Štats membres du Conseil de líEurope
1 Certains critËres trop restrictifs peuvent empÍcher les non-ressortissants rÈsidents lÈgaux díacquÈrir la nationalitÈ du pays díaccueil, ce qui les prive de la possibilitÈ de participer pleinement ý la vie de la collectivitÈ, voire, au pire, les repousse en marge de la sociÈtÈ.
2 Bien que líintÈgration des immigrÈs et des rÈsidents Ètrangers se soit considÈrablement amÈliorÈe dans les domaines Èconomique, social, culturel et Èducatif, leur participation ý la vie politique a toujours fait líobjet de controverses. Or, leur participation au processus de dÈcision politique contribue ý leur intÈgration en gÈnÈral et favorise une coexistence harmonieuse, ce qui va dans le sens des intÈrÍts aussi bien des citoyens du pays hÙte que des non-ressortissants
. Líabsence díintÈgration peut en effet engendrer des tensions et des conflits sociaux.
4 LíAssemblÈe recommande au ComitÈ des Ministres:
- iiii. díengager les gouvernements des Štats membres:
a - ý garantir le droit de vote et de se prÈsenter aux Èlections locales ý tous les immigrÈs lÈgalement Ètablis depuis au moins trois ans sans faire de diffÈrence quant ý leur origine;

b - ý revoir leur lÈgislation nationale afin de líassouplir et de la rendre plus conforme aux besoins des immigrÈs et des rÈsidents Ètrangers, en síattachant tout spÈcialement:
aux critËres díoctroi de la citoyennetÈ; ý líorganisation de la participation politique ý tous les Èchelons;
d - en síinspirant des expÈriences positives, ý dÈvelopper des programmes visant ý promouvoir la participation politique des migrants;
e - ý ratifier, síils ne líont pas dÈjý fait, la Convention
europÈenne sur la participation des Ètrangers ý la vie publique au niveau local et la Convention europÈenne sur la nationalitÈ.
Texte adoptÈ par líAssemblÈe
le 26 janvier 2001 (8e sÈance).

RÈcemment, le ComitÈ des Ministres du Conseil de líEurope a adoptÈ une Recommandation concernant la sÈcuritÈ de rÈsidence des immigrÈs de longue durÈe.  La qualification de longue durÈe devrait Ítre accordÈe aux ressortissants de pays tiers aprËs cinq ans de rÈsidence ou au maximum dix ans. Ils bÈnÈficieraient alors de líÈgalitÈ de traitement avec les nationaux dans des domaines aussi variÈs que líaccËs ý líemploi, au logement, ý la protection sociale ou en matiËre de participation ý la vie publique au niveau local. Proposition de DIRECTIVE DU CONSEIL relative au statut des ressortissants de pays tiers rÈsidents de longue durÈe  (prÈsentÈe par la Commission) Bruxelles, le 13.3.2001 COM(2001) 127 VERSION PROVISOIRE 2001/0074 (CNS)

 

PARTIE II DROITS CIVILS ET POLITIQUES DE LA CITOYENNETŠ  LOCALE
Art.VIII - DROIT ¿ LA PARTICIPATION POLITIQUE
1. Les citoyens des villes ont le droit de participer ý la vie politique locale par l'Èlection libre et dÈmocratique des reprÈsentants locaux.
2. Les villes signataires encouragent l'Èlargissement du droit de suffrage et d'ÈligibilitÈ dans le domaine municipal ý tous les citoyens majeurs non nationaux, aprËs une pÈriode de deux ans de rÈsidence dans la ville.
3. En marge des Èlections pÈriodiques destinÈes ý renouveler les instances municipales, la participation dÈmocratique est encouragÈe. ¿ cet effet, les citoyens et leurs associations peuvent accÈder aux dÈbats publics, interpeller les autoritÈs municipales sur les enjeux concernant l'intÈrÍt de la collectivitÈ locale et exprimer leurs opinions, soit de faÁon directe par ´rÈfÈrendum municipalª, soit ý travers les rÈunions publiques et l'action populaire.
4. En application du principe de transparence et conformÈment aux dispositions lÈgislatives des diffÈrents pays, l'organisation administrative des villes et les modalitÈs du travail municipal incluront des mÈcanismes de responsabilitÈ des Èlus. et de l'administration municipale.
CHARTE EUROPEENNE DES DROITS DE L'HOMME DANS LA VILLE
Saint Denis, 18/05/2000
 
Contribution de
Romano Prodi, prÈsident de la Commission europÈenne, au Colloque ´ Une constitution pour le futur de l'Europe ª FONDATION CARIPLO Milan, 15 juillet 2002
La Convention et la ConfÈrence intergouvernementale qui lui fera suite devront lancer un grand projet politique dans lequel les citoyens puissent se reconnaÓtre. Il s'agit de jeter les bases d'une authentique dÈmocratie supranationale.
 Le concept de citoyennetÈ europÈenne doit Ítre au coeur mÍme du projet europÈen, quelle que soit la forme qu'il prenne. Mais en fait, construire une sociÈtÈ dÈmocratique europÈenne ne veut pas dire construire un super Štat. Cela veut dire au contraire enrichir le concept de citoyennetÈ d'une dimension nouvelle.
La citoyennetÈ europÈenne doit devenir aussi un important facteur d'intÈgration sociale de tous les immigrants lÈgaux dans l'Union. Nous devons donc identifier un certain nombre de droits et d'obligations ý reconnaÓtre ý tous les rÈsidents lÈgaux sur tout le territoire de l'Union.
 Ce serait notamment un moyen d'attÈnuer la tension croissante entre les lois sur la nationalitÈ et sur la citoyennetÈ et le phÈnomËne de l'immigration.

11) EXCLUSIONS
 RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur l'application de la directive 94/80/CE du Conseil fixant les modalitÈs de l'exercice du droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales COMMISSION DES COMMUNAUTŠS EUROPŠENNES Bruxelles, le 30.05.2002 COM(2002)260 final
Treize Štats membres ont rÈpondu ý cette demande d'informations: la Belgique, l'Allemagne, la GrËce, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays‑Bas, l'Autriche, le Portugal, la Finlande, la SuËde et le Royaume‑Uni. La Commission n'a reÁu aucune information du Danemark ni de la France. La deuxiËme partie du rapport examine donc l'application de la directive sur le plan pratique dans ces treize Štats membres.

Štat membre

Nationaux

Citoyens de l'UE non nationaux

Population totale (y compris ressortissants de pays tiers)

% de citoyens de l'UE non nationaux de la pop. totale

Allemagne

60 601 000

1 521 000

65 918 000

2,5

France

41 812 000

1 004 000

44 526 000

2,4

Royaume‑Uni

42 870 000

790 000

44 914 000

1,8

Belgique

7 387 000

456 000

8 070 000

5,8

Pays‑Bas

11 612 000

194 000

12 177 000

1,6

SuËde

6 566 000

143 000

6 913 000

2,2

Espagne

31 365 000

133 000

31 715 000

0,4

Luxembourg

210 000

108 000

333 000

34,0

Autriche

5 796 000

95 000

6 303 000

1,6

Irlande

2 659 000

76 000

2 763 000

2,8

Italie

46 552 000

56 000

46 921 000

0,1

Danemark

4 064 000

32 000

4 189 000

0,8

Portugal

7 751 000

26 000

7 888 000

0,3

GrËce

8 244 000

16 000

8 464 000

0,2

Finlande

3 960 000

9 000

4 007 000

0,2

Total gÈnÈral

281449 000

4 658 000

295 101 000

1,6

Ces 4,7 millions de personnes reprÈsentent en gros le nombre potentiel d'Èlecteurs aux Èlections municipales visÈs par la directive, sans tenir compte des Èventuelles conditions de durÈe de rÈsidence.
Dans certains Štats membres, les ressortissants d'autres Štats membres pouvaient dÈjý voter aux Èlections municipales avant l'entrÈe en vigueur de la directive, moyennant le respect de certaines conditions.
C'Ètait le cas au Danemark, en Espagne, en Irlande, aux Pays‑Bas, en Finlande et en SuËde. Par consÈquent, le nombre de nouveaux Èlecteurs ayant obtenu le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales dans leur pays de rÈsidence au titre de la directive est d'environ 4 millions.

Šlections municipales organisÈes aprËs l'entrÈe en vigueur de la directive

tat membre

Date

Allemagne

1996 (municipales ý l'Èchelon des L”nder; plusieurs Èlections dans les 16 L”nder depuis 1996[1])

Royaume‑Uni

1996 (plusieurs Èlections depuis 1996 en fonction du type d'administration locale)

Italie

1997   (mai) et 2001 (du 13 au 27 mai)

Danemark

1997   (18 novembre) et 2001 (20 novembre)

Portugal

1997   (14 dÈcembre) et 2001 (16 dÈcembre)

Autriche

1998   (municipales organisÈes ý l'Èchelon des L”nder; notamment[2] en 1998, 1999, 2000)

Pays‑Bas

1998   (mars)

SuËde

1998   (20 septembre)

GrËce

1998   (11 octobre)

Irlande

1999   (11 juin)

Espagne

1999   (13 juin)

Luxembourg

1999   (octobre)

Belgique

2000  (9 octobre)

Finlande

2000  (22 octobre)

France

2001   (11 au 18 mars)

La Commission ne dispose pas de donnÈes complËtes concernant le taux de participation aux Èlections municipales dans tous les Štats membres. Les chiffres sont trËs variables: ils vont de 88 % en Espagne (Èlections de 1999), 75 % en SuËde (Èlections de 1998), 60 % aux Pays‑Bas (Èlections de 1998) et 56 % en Finlande (Èlections de 2000) ý 34 % au Royaume‑Uni (Èlections de 1996). Ces chiffres donnent certaines indications sur la participation gÈnÈrale ý la vie politique ý l'Èchelon municipal.
Proportion de citoyens de l'Union non nationaux inscrits sur les listes Èlectorales dans leur Štat membre de rÈsidence (%)

B

D

EL

E

IRL

I

L

NL

A

P

FIN

S

UK

17,8

tous*

9,5

24,4

52,3

19,2

12,4

tous*

54,2

9,8

tous*

tous*

41,1

      inscrits automatiquement

En Allemagne, aucune information n'est disponible au niveau nationalÖ: le taux de participation des citoyens de l'UE non nationaux aux Èlections municipales Ètait de 21, 5 % ý Stuttgart (1996), entre 12 et 36 % en BaviËre (1996), de 23 % ý Hambourg (1997), de 17,5 % ý Berlin (1999), de 16,9 % ý BrÍme (1999) et de 11 % ý Saarbr¸cken (2001).
La SuËde
a indiquÈ qu'elle ne disposait d'aucune information prÈcise concernant le taux de participation, mais les autoritÈs suÈdoises ont ÈtÈ en mesure de fournir Ègalement des exemples isolÈs sur la base de sondages Èlectoraux . le taux de participation des danois Ètait de 38 %, des finlandais de 35 %, des britanniques de 39 % et des allemands de 49 %.
Štant donnÈ que l'on peut supposer qu'une grande majoritÈ des citoyens introduisant une demande d'inscription sur les listes ont aussi l'intention de voter en pratique, les pourcentages prÈcitÈs de citoyens non nationaux inscrits donnent une idÈe assez exacte de la participation. C'est particuliËrement vrai en Belgique et en GrËce, o˜ le vote est obligatoire ý partir du moment o˜ le citoyen de l'Union est inscrit sur les listes Èlectorales.
On peut conclure de ce qui prÈcËde que la participation des citoyens de l'UE aux Èlections municipales dans l'Štat membre de rÈsidence a en gÈnÈral ÈtÈ assez faible. Dans deux Štats membres seulement, en Irlande et en Autriche, la moitiÈ des citoyens non nationaux se sont inscrits sur les listes Èlectorales. Les bons rÈsultats observÈs en Irlande sont probablement dus au fait que dans cet Štat membre, les citoyens non nationaux qui y rÈsident ont pu voter ý toutes les Èlections depuis 1963. La participation a ÈtÈ particuliËrement faible en GrËce, au Portugal et au Luxembourg, o˜ le taux d'inscription n'a atteint que 10 % environ.

CANDIDATS ; Finlande: 65, SuËde: 1 829, Luxembourg: 138,.
ELUS: Espagne
: 30 citoyens de l'UE Èlus, Pays‑Bas: 2, Portugal: 3, Finlande: 5,
SuËde
: 408.
La Commission d'informations partielles : Allemagne
: 319 Èlus dans neuf L”nder, aucune information des sept autres L”nder.Autriche: 20 Èlus dans sept L”nder, aucune information des 2 autres L”nder.

11) LES ELUS
Espagne:30,Portugal:3,Finlande:5,SuËde: 408, Allemagne: 319 Èlus dans neuf L”nder, aucune information reÁue des sept autres L”nder.Autriche: 20 Èlus dans sept L”nder, aucune information reÁue des deux autres L”nderÖ
La Commission est d'avis que les Štats membres doivent informer spÈcifiquement les citoyens de l'Union rÈsidant sur leur territoire des modalitÈs et conditions d'exercice de leurs droits ÈlectorauxÖ
 Bruxelles, le 30.05.2002 COM(2002)260 final RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN ET AU CONSEIL sur l'application de la directive 94/80/CE du Conseil fixant les modalitÈs de l'exercice du droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales

ELUS FRANCE : Municipales : 0,24% des Èlus sont Ètrangers.
            Les 83 445 conseillers municipaux Èlus lors des Èlections dans les communes de plus de 3 500 habitants comptent 204 ressortissants  d'autres pays  de l'UE, soit 0,24% : Portugais (83), Italiens (28), Espagnols (23), Belges (21), Allemands (17) et Britanniques (16). Dans ces conseils municipaux figurent en outre 15% de retraitÈs et ý peine 2% de jeunes de moins de 25 ans. LibÈration 03/04/01

 

ELUS NL Parlementaires : 13 issus de líimmigrations dont 8 femmes et sept dÈputÈs de droite,. Quatre marocains, Trois surinamiens., Deux turcs., Deux tchÈcoslovaques, Un capverdien., Une iranienne.
100 conseillers municipaux, 28 conseillers de districts (trad. P.Y. Lambert Dans l'Ètat actuel des connaissances de la Commission consultative des Turcs, suite aux Èlections municipales du 6 mars [2002], 100 NÈerlandais turcs siËgent dans les conseils municipaux. Il y en avait 70 prÈcÈdemment. Dans les conseils de districts [arrondissements] d'Amsterdam et de Rotterdam, 28 ont ÈtÈ Èlus (contre 27 prÈcÈdemment).
 Au total il y a aux Pays-Bas quelques 10.000 conseillers municipaux. 1,9% de la population nÈerlandaise est d'origine turque. Si les NÈerlandais turcs Ètaient reprÈsentÈs ý ce prorata il devrait y en avoir environ 190
parmi les conseillers municipaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CES - BRUXELLES 09-10/09/02

 

CITOYENNETE EUROPEENNE DE RESIDENCE

 

 

Monsieur le prÈsident,

Mesdames, Messieurs,

 

La Convention pour l'avenir de l'Europe prÈpare un "projet constituant", elle sera amenÈe ý se pencher sur la citoyennetÈ de l'Union europÈenne (UE), dÈfinie ý l'article 17 de la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne : "est citoyen de l'Union europÈenne toute personne ayant la nationalitÈ d'un Etat membre".

 

Avant le traitÈ, il y avait les nationaux et les Ètrangers. Des  Etats avaient donnÈ le droit de vote et d'ÈligibilitÈ ý certaines Èlections locales, mais ý tous les Ètrangers. En ne donnant la citoyennetÈ de l'UE qu'aux ressortissants des Etats membres, l'UE, souvent accusÈe de se construire en forteresse, prolonge les murs ý l'intÈrieur et divise les Ètrangers en fonction de leur nationalitÈ. DÈsormais, trois catÈgories de personnes vivent sur un mÍme territoire de l'UE avec des droits diffÈrents :

-       les nationaux sur le territoire de l'Etat membre dont ils ont la nationalitÈ,

-       les nationaux d'un Etat membre vivant dans un Etat membre dont ils n'ont pas la nationalitÈ ont certains droits prÈcisÈs par le traitÈ (notamment droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales et europÈennes),

-       les ressortissants des Etats tiers ont ou n'ont pas le droit de vote ý certaines Èlections locales en fonction de la lÈgislation de l'Etat dans lequel ils rÈsident.

 

Dans les principes, les choses sont claires. La Charte europÈenne des droits fondamentaux dÈclare : "L'Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignitÈ humaine, de libertÈ, d'ÈgalitÈ et de solidaritÈ"Ö "Toutes les personnes sont Ègales en droit" (art. 20). "Dans le domaine d'application du  traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne et du traitÈ sur l'UE, et sans prÈjudice  des dispositions particuliËres des dits traitÈs, toute discrimination fondÈe sur la nationalitÈ est interdite (art. 21-2)."  La Charte ne rÈserve pas dignitÈ, libertÈ, ÈgalitÈ, solidaritÈ aux seuls citoyens de l'UE. L'interdiction des discriminations en fonction de la nationalitÈ est la rËgle. MÍme si l'attribution de la citoyennetÈ fait partie des "dispositions particuliËres". Pour certains, la non discrimination fondÈe sur la nationalitÈ ne serait interdite que pour les citoyens de l'UE.

 

Aujourd'hui les ressortissants polonais, hongroisÖ sont exclus de la citoyennetÈ de l'UE et quand, demain, la Pologne, la Hongrie auront adhÈrÈ ý l'UE, leurs ressortissants seront des citoyens de l'UE sans que leurs qualitÈs, leurs mÈritesÖ aient ÈtÈ modifiÈs.

 

La crÈation de la citoyennetÈ de l'UE a rendu obsolËtes nombres d'arguments avancÈs contre l'attribution du droit de vote aux Ètrangers. Les citoyens de l'UE rÈsidant dans un pays de l'UE dont ils n'ont pas la nationalitÈ ont le droit de vote et d'ÈligibilitÈ dans les mÍmes conditions que les nationaux : il n'est pas question de durÈe de rÈsidence, de degrÈ d'intÈgrationÖ Mieux, la Commission a pu dire : "En outre, les ressortissants des autres Etats membres s'intËgrent ý l'activitÈ Èconomique et sociale de leur pays d'accueil, d'autant mieux qu'ils jouissent dÈjý de droits identiques ý ceux des nationauxÖ" (Proposition de directive sur le droit de vote des ressortissants des Etats membres aux Èlections municipales dans l'Etat membre de rÈsidence COM (88) 371 final 24 juin 1988). Si les droits "identiques ý ceux des nationaux" sont un facteur d'intÈgration, s'ils ne sont attribuÈs qu'ý certains, est-ce par volontÈ d'intÈgrer les uns et non les autres ? Qui a intÈrÍt ý la prÈsence de populations non intÈgrÈes socialement, Èconomiquement, politiquement. La participation aux dÈcisions est facteur de cohÈsion sociale. Peut-on imaginer, en dÈmocratie, une rÈelle ÈgalitÈ dans l'application de la loi sans ÈgalitÈ au niveau de son Èlaboration ?

 

L'attribution de la nationalitÈ et, indirectement, de la citoyennetÈ de l'UE est du ressort de chaque Etat. D'o˜ des incohÈrences. Deux frËres viennent de Turquie, l'un s'installe en Belgique, l'autre en Allemagne. Le premier devient belge au bout de 7 ans par simple dÈclaration. Son frËre, en Allemagne, quel que soit son degrÈ d'intÈgration reste turc. Si ce travailleur belge, d'origine turque, rejoint son frËre en Allemagne, il jouira de la citoyennetÈ de l'UE, dËs son arrivÈe, sans aucune acculturation, alors que son  frËre, vivant en Allemagne, peut Ítre parfaitement intÈgrÈ, en sera exclu ! Il semble normal que chaque pays puisse dire qui est national et qui ne l'est pas. Il semble tout aussi normal que l'UE puisse dire qui est citoyen de l'UE et qui ne l'est pas, sans avoir ý passer par la nationalitÈ.

 

Il n'est pas question de rompre le lien nationalitÈ-citoyennetÈ mais de lui Ùter l'exclusivitÈ. Cela passe tout d'abord par les mots. Ce lien paraÓt si "naturel" que, bien souvent, les mots, citoyennetÈ/nationalitÈ, sont employÈs indiffÈremment. Y compris par ceux qui votent ou commentent la loi ! Ce lien, simplement historique, est sacralisÈ par la notion de nationalitÈ ressentie comme essentielle, intangible, incrÈÈe. Cependant, il suffit de regarder les lÈgislations sur la nationalitÈ pour voir quelles combinent deux principes, droit du sol et droit de la filiation, mais de faÁons trËs diverses. Les lois sur la nationalitÈ varient ÈnormÈment dans le temps et dans l'espace en fonction des intÈrÍts rÈels ou supposÈs de chaque pays.

 

Lors du recensement de la population en 1999, la France comptait 3 260 000 Ètrangers. Le dÈmographe HervÈ Le Bras a pu Ècrire : "Si la France avait la mÍme lÈgislation que les Etats-Unis, les 510 000 Ètrangers nÈs en France seraient franÁais. Et si c'Ètait la lÈgislation des pays d'AmÈrique latine, les rÈsidents depuis plus de 10 ans auraient acquis la nationalitÈ du pays d'accueil. On ne compterait  alors que 638 000 Ètrangers" ! (Coup de Soleil nƒ21) Il aurait pu ajouter : avec la loi allemande avant la derniËre rÈforme ou la loi suisse, ils seraient 6 ou 7 millions ! Ainsi, suivant la lÈgislation envisagÈe, la population "ÈtrangËre" de France varie de 600 000 ý 6 millions ! Ceci relativise grandement les notions d'Ètranger et de national.

 

La loi sur la nationalitÈ varie dans un pays au cours de l'histoire et aussi le lien entre nationalitÈ et citoyennetÈ. La rÈcente loi belge va faire diminuer le nombre d'Ètrangers. Dans la France coloniale, les habitants de l'AlgÈrie Ètaient des nationaux franÁais mais seuls Ètaient citoyens les colonisateurs. Pour faire face au dÈsÈquilibre dÈmographique, est signÈ le dÈcret CrÈmieux "qui le 24 octobre 1870 avait naturalisÈ tous les juifs d'AlgÈrie" d'aprËs Patrick Weil, (Qu'est-ce qu'un FranÁais ? Histoire de la nationalitÈ franÁaise depuis la RÈvolution, Grasset, 2002). L'auteur emploie le mot "naturalisÈ" alors que les juifs d'AlgÈrie Ètaient des FranÁais ! Plus tard, le rÈgime du marÈchal PÈtain, par la loi du 7 octobre 1940, dÈcidait d'abroger ce dÈcret : "110 000 juifs d'AlgÈrie ont ÈtÈ ramenÈs du statut de citoyen ý celui de sujet" (Patrick Weil) ! Mais cette vision ethniciste n'est pas l'exclusivitÈ de certains rÈgimes. Dans l'immÈdiate aprËs-guerre, le gÈnÈral de Gaulle pouvait dire, parlant des naturalisations : "il importeÖ de subordonner le choix des individus aux intÈrÍts nationaux dans les domaines ethniques, dÈmographique, professionnel et gÈographiqueÖ Sur le plan ethnique, limiter l'afflux des mÈditerranÈens et des OrientauxÖ" (Patrick Weil). La nature ethnique (culturelle ? raciale ?) apparaÓt ici sans fard comme elle apparaÓt avec la notion de "patrial" au Royaume Uni ou "d'Aussiedler" en Allemagne. L'entrÈe dans le devenir commun par la nationalitÈ, par la naturalisation est, souvent, une entrÈe par l'ethnicitÈ.

 

L'UE n'est pas un Etat au sens classique du terme et encore moins un Etat-nation mÍme si elle a un drapeau, un territoire, une monnaie, un parlement... Elle est, par nature, multiculturelle. Elle ne peut construire une communautÈ politique se rÈclamant de la dÈmocratie, de l'ÈgalitÈ, de l'universalisme en excluant des millions de personnes ! Elle doit Ítre une communautÈ de citoyens. D'ailleurs, la Commission reÁoit un nombre non nÈgligeable de lettres demandant comment obtenir la citoyennetÈ de l'UE sans passer par la citoyennetÈ d'un Etat membre (TroisiËme rapport de la Commission sur a citoyennetÈ de l'UE). Si cela Ètait possible, la nationalitÈ pourrait n'avoir qu'une signification identitaire. Elle dÈfinirait une appartenance (ethnique, confessionnelle, culturelle) et la citoyennetÈ un mode d'agir ensemble, de participer ý une communautÈ de destin. Encore faut-il que l'UE accepte rÈellement et la variÈtÈ des cultures et l'universalisme qu'elle proclame. Elle ne peut se contenter d'un multiculturalisme et d'un universalisme mesquins sans en payer, un jour, les consÈquences quand ceux qui sont rejetÈs aujourd'hui par cet universalisme se tourneront vers d'autres valeurs.

 

La nationalitÈ n'est pas seule crÈatrice de droits, y compris politiques. Le travail et, de plus en plus, la rÈsidence jouent ce rÙle, depuis les droits des sans papiers jusqu'au droit d'accËs ý la nationalitÈ en passant par les droits sociaux, syndicaux, culturels, politiques. La lutte des sans papiers est exemplaire. Ils ont fait admettre qu'ils avaient des droits par le seul fait qu'ils Ètaient lý. Ils ont des droits, minimes, souvent inappliquÈs mais ils ont des droits. Leur rÈgularisation est souvent fonction de la longueur de leur rÈsidence (illÈgale !) dans le pays ! La rÈsidence donne aussi droit d'accËs ý la nationalitÈ : ainsi, au bout de 7 annÈes de prÈsence, il est possible d'acquÈrir la nationalitÈ belge par simple dÈclaration et donc tous les droits des nationaux belges. Mais si la personne ne demande pas la nationalitÈ belge, ces 7 annÈes de sÈjour ne lui permettent pas de demander la citoyennetÈ mÍme locale  !

 

Des droits considÈrÈs, hier, comme politiques sont, dans les pays dÈmocratiques, aujourd'hui reconnus aux Ètrangers : s'associer, s'exprimer, manifester, se syndiquerÖ La rÈsidence donne aussi des droits politiques au sens strict du terme En France, les partis sont de simples associations. Les Ètrangers ayant les mÍmes droits que les nationaux au niveau associatif, peuvent en Ítre membre ou mÍme prÈsident. Mais seuls les citoyens de l'UE peuvent participer, comme Èlecteur, comme candidat, ý une Èlection municipale !!! Les Ètrangers peuvent Ítre membres d'un parti dans d'autres pays qui n'accordent pas le droit de vote (Allemagne, BelgiqueÖ).

 

La nationalitÈ rÈpond ý la question "Qui sommes nous ?", et encore les rÈponses ý cette question sont multiples car les appartenances sont diverses : situation familiale, profession, religion, sexe, ’geÖ Il n'est pas question de nier les liens qui existent entre personnes d'une mÍme communautÈ, d'une mÍme nationalitÈ, et qui fondent l'identitÈ. MÍme si ces liens font souvent rÈfÈrence ý un passÈ mythique o˜ des ancÍtres communs expliquent l'attachement au droit du sang. Mais cette histoire dÈjý mythique au niveau national l'est encore plus au niveau europÈen. Il n'y a pas un peuple europÈen mais diversitÈ de peuples, de cultures, de religionsÖ

 

La citoyennetÈ rÈpond ý la question "Comment vivre ensemble sur le mÍme territoire ?" La citoyennetÈ implique une relation aux autres, conflictuelle mais Ègalitaire. Chacun doit pouvoir participer ý la construction d'un avenir commun par son apport professionnel, sportif, artistique, dÈmographiqueÖ mais aussi au moment des prises de dÈcision. La participation aux dÈcisions est facteur de cohÈsion sociale. Peut-on imaginer une rÈelle ÈgalitÈ dans l'application de la loi sans ÈgalitÈ au niveau de son Èlaboration ? ReconnaÓtre la citoyennetÈ de l'UE serait lÈgitimer des actions qui existent dÈjý ý travers la militance syndicale, associative, la vie du quartier, de l'entreprise, de l'Èglise, du club sportifÖ A cette citoyennetÈ qui vient d'en bas, doit correspondre la citoyennetÈ qui vient d'en haut. Sous peine de voir naÓtre des frustrations. Donner le droit de citoyennetÈ, c'est surtout lÈgitimer la prÈsence, reconnaÓtre le droit d'avoir des droits, d'en revendiquer des nouveaux.

 

Si l'Etat nation a prÈcÈdÈ la citoyennetÈ dÈmocratique et probablement permis son Èpanouissement, il n'en est pas de mÍme de l'UE : il n'y a pas un peuple europÈen, il n'y a pas un Etat nation europÈen.  La diversitÈ est constitutive de l'UE. Pourquoi ne pas fonder "l'EuropÈanitÈ" sur la citoyennetÈ, sur l'adhÈsion aux principes fondateurs, sur la participation aux dÈcisions ? Pourquoi l'UE ne serait-elle pas une crÈation des citoyens, de tous ceux qui manifestent leur adhÈsion par leur demande de participation ? L'identitÈ europÈenne ne peut Ítre ethnique, elle peut Ítre citoyenne. L'adhÈsion par la nationalitÈ, c'est l'adhÈsion ý une communautÈ mythique constituÈe. L'adhÈsion par la citoyennetÈ, c'est l'adhÈsion ý un projet, ý une identitÈ en construction qui repose sur le politique, la raison, la volontÈ de construire ensemble.

 

Le prÈsident Romano Prodi,  (Colloque ´ Une constitution pour le futur de l'Europe ª FONDATION CARIPLO Milan, 15 juillet 2002), semble aller dans ce sens :  "Le concept de citoyennetÈ europÈenne doit Ítre au coeur mÍme du projet europÈen, quelle que soit la forme qu'il prenne. Mais en fait, construire une sociÈtÈ dÈmocratique europÈenne ne veut pas dire construire un super Štat. Cela veut dire au contraire enrichir le concept de citoyennetÈ d'une dimension nouvelle. La citoyennetÈ europÈenne doit devenir aussi un important facteur d'intÈgration sociale de tous les immigrants lÈgaux dans l'Union. Nous devons donc identifier un certain nombre de droits et d'obligations ý reconnaÓtre ý tous les rÈsidents lÈgaux sur tout le territoire de l'Union.  Ce serait notamment un moyen d'attÈnuer la tension croissante entre les lois sur la nationalitÈ et sur la citoyennetÈ et le phÈnomËne de l'immigration."

 

ENAR lutte contre le racisme et les discriminations : la citoyennetÈ de l'UE est instituÈe sur la base d'une discrimination par la nationalitÈ. A l'heure o˜ il est question d'Èlargissement, il serait paradoxal que l'Èlargissement se fasse vers l'extÈrieur et nÈglige l'Èlargissement vers l'intÈrieur et les populations qui vivent, quelquefois depuis longtemps, sur le territoire de l'UE. De plus, cet Èlargissement va entraÓner l'attribution de la citoyennetÈ ý la quasi totalitÈ des nationaux des diffÈrents pays d'Europe. Seuls demeureront, "ressortissants des Etats-tiers", les Ètrangers venus d'Afrique, d'AmÈrique, d'Asie. La perception de la discrimination apparaÓtra alors encore plus comme une discrimination ethnique, raciale. La situation politique europÈenne rend aujourd'hui plus que jamais une telle campagne nÈcessaire.

 

C'est une "urgence constitutionnelle" : en 2004, sera discutÈe la mise en place d'une Constitution. Si rien n'est fait, la dÈfinition actuelle de la citoyennetÈ de l'UE, figera le clivage et confirmera l'exclusion des ressortissants des Etats-tiers qui risque d'Ítre dÈfinitive ! C'est dire l'importance de revoir cette dÈfinition.

 

ENAR propose une nouvelle rÈdaction de l'article 17 de la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne : "est citoyenne de l'UE toute personne ayant la nationalitÈ d'un Etat membre ou rÈsidant lÈgalement sur le territoire d'un Etat membre".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CITOYENNETE NATIONALITE RESIDENCE

            NationalitÈ : arbitraire et ethnicitÈ

            RÈsidence :

           

AVANTAGES DE LA CITOYENNETE DE RESIDECNE

            ConformitÈ aux valeurs proclamÈes : EgalitÈ des rÈsidents

            SubsidiaritÈ

            AdhÈsion idÈologique et non ethnique

            NationalitÈ et identitÈ locale

            CitoyennetÈ et identitÈ europÈenne

 

CONCLUSION

            Europe Èclairant le monde

            Du traitÈ de rÈciprocitÈ fermÈ au traitÈ de gÈnÈrositÈ/d'ÈgalitÈ ouvertes

 

 

ENAR propose, en consÈquence, une nouvelle rÈdaction de l'article 17 de la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne :

"est citoyenne de l'UE toute personne ayant la nationalitÈ d'un Etat membre ou rÈsidant lÈgalement sur le territoire d'un Etat membre".

 

 

IMMIGRES ET CITOYENNETE DE L'UNION EUROPEENNE

 

 

 

DEMOCRATIE EUROPEENNE
            Faible participation :voir internet chiffres de la participation aux Èlections europÈennes dans les diffÈrents pays de l'UE

            Exclusion de droit des ressortissants des Etats tiers : nombre en Europe

            Exclusion de fait des ressortissants europÈens : nombre en Europe

Faible lisibilitÈ des institutions europÈennes et rÙle croissant mais encore faible du PE

 

LA CITOYENNETE EUROPEENNE

            Castes

            IncohÈrences : frËres turcs/persistance des inÈgalitÈs de traitement dans les diffÈrents pays (locales et municipales)

            Les cloisons de l'Europe forteresse

            Les arguments obsolËtes

                        VolontÈ politique

                        Nouveaux pays de l'UE

 

CITOYENNETE NATIONALITE RESIDENCE

            NationalitÈ : arbitraire et ethnicitÈ

            RÈsidence :

           

AVANTAGES DE LA CITOYENNETE DE RESIDECNE

            ConformitÈ aux valeurs proclamÈes : EgalitÈ des rÈsidents

            SubsidiaritÈ

            AdhÈsion idÈologique et non ethnique

            NationalitÈ et identitÈ locale

            CitoyennetÈ et identitÈ europÈenne

 

CONCLUSION

            Europe Èclairant le monde

            Du traitÈ de rÈciprocitÈ fermÈ au traitÈ de gÈnÈrositÈ/d'ÈgalitÈ ouvertes

 

La dÈmocratie en Europe a ÈtÈ mise en place dans des Etats et mÍme des Etats-nations qui existaient depuis longtemps et qui lui ont fourni un cadre d'exercice. Ile est donc parfaitement explicable que dans ces Etats la nationalitÈ ait ÈtÈ le cadre obligatoire de la citoyennetÈ. Cette filiation nationalitÈ citoyennetÈ est-elle dÈs lors la seule possible ? Notamment dans le cadre de l'Union europÈenne qui n'est pas un Etat et encore moins un Etat-nation et qui est, par dÈfinition, multiculturelle.

 

 

Si la citoyennetÈ est un mode d'action et non un mode d'Ítre, le citoyen se dÈfinit moins par son appartenance communautaire (son identitÈ ethnique, confessionnelle, culturelle ou nationale) que par son activitÈ dans la sphËre publique, toujours liÈe ý celle des autres citoyens. L'activitÈ du citoyen ne se confond pas avec l'identitÈ du national. La citoyennetÈ est un lien plus qu'une propriÈtÈ, lien tissÈ dans l'action politique d'un ìvivre-ensembleî qui ne recoupe pas les communautÈs gentilices au sein desquelles les individus s'identifient. La citoyennetÈ peut alors Ítre indÈpendante de la nationalitÈ.. . l'Europe peut prÈtendre aujourd'hui faire prÈvaloir un espace public politique de citoyennetÈ partagÈe et d'actions concertÈes sur une communautÈ originaire qui depuis toujours fait dÈfaut.
Le seul projet dont peut se prÈvaloir la communautÈ europÈenne est alors celui d'une co-participation aux affaires publiques, celui de la mise en place d'une communautÈ d'activitÈs et non d'une communautÈ d'identitÈ, communautÈ d'activitÈs qui rend possible une co-action de citoyens dont les identitÈs nationales particuliËres ne se conjuguent pas nÈcessairement, voire sont prises dans des antagonismes culturels. En ce sens, l'espace public de citoyennetÈ europÈenne active est, dans la perspective d'une communautÈ politique postnationale, le seul vÈritable rempart contre le double Ècueil d'une administration Ètatique toute puissante ou d'un Etat dÈmissionnaire. Il
s'ÈlËve autant contre le risque d'hÈgÈmonie d'un appareil d'Etat bureaucratique que contre le risque inverse d'une dilution de la chose publique dans la seule prÈoccupation de la prÈservation des intÈrÍts et particularismes individuels ou communautaires.
Etienne Tassin

 

Les nationalismes du XIXƒ siËcle et la philosophie sociale qui les accompagne ont posÈ le principe que la nationalitÈ et la citoyennetÈ devaient Ítre confondues. La citoyennetÈ peut parfaitement s'exercer au niveau infranational ou supranational. Entre la nation et la citoyennetÈ, le lien n'est pas logique mais historique.

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NationalitÈ =Recherche de filiation, de liaison verticale, citoyennetÈ= recherche de liaison Ègalitaire, horizontale



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour une citoyennetÈ europÈenne de rÈsidence

Madrid 31-05/01-06-02

 

CITOYENNETE DE RESIDENCE

 

 

PRINCIPES   :

Dans les pays dÈmocratiques, toutes les personnes ont des droits qui en font, d'une certaine faÁon, des citoyens : droits sociaux, culturels, syndicauxÖ. Mais, dans la quasi totalitÈ des cas, l'attribution de la citoyennetÈ politique, celle qui permet de participer aux Èlections politiques comme Èlecteur ou comme candidat, passe par la nationalitÈ. Cependant, la DÈclaration universelle des droits de l'homme proclame : "Tous les Ítres humains naissent libres et Ègaux en dignitÈ et en droits". (art.1er) et : "Chacun peut se prÈvaloir de tous les droits et de toutes les libertÈs proclamÈs dans la prÈsente DÈclaration sans distinction aucune notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou socialeÖ" (art.2). Certes ce n'est qu'une dÈclaration, elle n'a pas valeur contraignante et elle bannit les discriminations en fonction de l'origine nationale et non de la nationalitÈ.

La Charte europÈenne des droits fondamentaux adoptÈe ý Nice stipule : "L'Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignitÈ humaine, de libertÈ, d'ÈgalitÈ et de solidaritÈ". La Charte ne rÈserve pas dignitÈ, libertÈ, ÈgalitÈ, solidaritÈ aux seuls citoyens de l'Union europÈenne (UE). Elle va plus loin : "Toutes les personnes sont Ègales en droit" (art.20) et prÈcise mÍme : "Dans le domaine d'application du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne et du traitÈ sur l'UE, et sans prÈjudice des dispositions particuliËres des dits traitÈs, toute discrimination fondÈe sur la nationalitÈ est interdite" (art.21-2).

De mÍme, la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne : "Dans le domaine d'application du prÈsent traitÈ, et sans prÈjudice des dispositions particuliËres qu'il prÈvoit, est interdite toute discrimination exercÈe en raison de la nationalitÈ" (art.12 ex-art.6).

L'ÈgalitÈ est donc la rËgle, l'inÈgalitÈ est l'exception. C'est probablement pour faire reculer ces exceptions que les conclusions du sommet de Tampere "Vers une union de libertÈ, de sÈcuritÈ, de justiceÖ " prÈcisent que "Le statut juridique des ressortissants des pays tiers devrait Ítre rapprochÈ de celui des Etats membres. Une personne rÈsidant lÈgalement dans un Etat membre pendant une pÈriode ý dÈterminer et titulaire d'un permis de sÈjour de longue durÈe devrait se voir octroyer dans cet Etat membre un ensemble de droits uniformes aussi proches que possible de ceux dont jouissent les citoyens de l'UE".

SITUATION ACTUELLE :

La Convention sur le futur de l'UE travaille sur un "projet constituant", sur une proposition d'Èventuelle constitution de l'Union. Elle va Ítre amenÈe ý se pencher sur la dÈfinition du citoyen de l'UE. Or la citoyennetÈ de l'UE depuis le traitÈ de Maastricht est attribuÈe aux personnes ayant la nationalitÈ de l'un des Etats de cette Union. A la citoyennetÈ de l'Union sont attachÈs des droits et notamment le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales et europÈennes. La citoyennetÈ de l'UE a ainsi crÈÈ un cloisonnement, ý la fois vertical et horizontal de la citoyennetÈ, qui aboutit ý une citoyennetÈ de castes avec des droits diffÈrents :

- citoyens nationaux vivant sur leur territoire national (365 millions de personnes) qui ont le droit de vote et d'ÈligibilitÈ ý toutes les Èlections,

- citoyens de l'UE, vivant dans un autre pays de l'UE que celui dont ils ont la nationalitÈ (5 millions de personnes) qui ont seulement le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales et europÈennes,

- ressortissants des Etats tiers (12 ý 15 millions de personnes) qui ont (Danemark, Finlande, Irlande, Pays-Bas, SuËde) ou n'ont pas (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, GrËce, Italie, Luxembourg, Portugal, Royaume-Uni) le droit de vote et d'ÈligibilitÈ ý certaines Èlections locales en fonction de la lÈgislation du pays de rÈsidence avec des particularitÈs pour certains pays (Espagne, Portugal, Royaume-Uni),

- et, dans tous les Etats, les hors castes que sont les sans-papiers.

En fait, la citoyennetÈ de l'UE ne touche directement qu'une minoritÈ d'habitants et exclut des millions de rÈsidents de toute participation aux dÈcisions politiques. Elle crÈe une discrimination lÈgale qui vient s'ajouter aux nombreuses discriminations dÈjý (mal) vÈcues. Cette discrimination est devenue particuliËrement flagrante avec la mise en application du TraitÈ lors des Èlections europÈennes et municipales qui ont eu lieu, maintenant, dans tous les pays de l'UE. Ne pourrait-on pas amender le traitÈ et proposer un nouvel article 17 (ex-art.8) qui Ètablirait la nationalitÈ et la rÈsidence comme moyens d'accËs ý la citoyennetÈ de l'Union ? Une telle rÈdaction serait plus proche des valeurs proclamÈes par ailleurs.

 

"Est citoyenne de l'Union europÈenne toute personne ayant la nationalitÈ d'un Etat membre ou rÈsidant rÈguliËrement sur le territoire d'un Etat membre."

 

Il n'est pas question de rompre le lien nationalitÈ-citoyennetÈ mais de lui enlever le caractËre exclusif dans l'attribution de la citoyennetÈ. Cela passe tout d'abord par le langage. Car ce lien nationalitÈ-citoyennetÈ paraÓt tellement "naturel" que, bien souvent, les deux mots, citoyennetÈ/nationalitÈ, sont employÈs indiffÈremment. Y compris par ceux qui sont chargÈs de voter les lois ou de les commenter ! Mais ce lien nationalitÈ-citoyennetÈ n'est ni naturel, ni mÍme logique mais simplement historique

 

Cela conduit aussi ý rÈexaminer la pertinence de ce lien, quasiment sacralisÈ par la notion de nationalitÈ qui peut Ítre ressentie comme Èvidente, essentielle, intangible, incrÈÈe. Pourtant, il suffirait de faire une table ronde avec des experts de diffÈrents pays pour voir que leur lÈgislation sur la nationalitÈ combine certes, le plus souvent, deux principes, le droit du sol et le droit de la filiation, mais de faÁons trËs diverses et trËs inÈgales.

Les lois sur la nationalitÈ varient ÈnormÈment dans le temps et dans l'espace en fonction des traditions et des intÈrÍts rÈels ou supposÈs de chaque pays. Il sera surtout question ici, ý titre d'illustration, de la France mais chacun, en faisant une analyse de la lÈgislation dans son propre pays, pourra faire, probablement, des constatations comparables.

D'aprËs le dernier recensement de la population, il y avait, en 1999, 3 260 000 Ètrangers en France. Le dÈmographe HervÈ Le Bras, reprenant ces donnÈes, a pu Ècrire : "Si la France avait la mÍme lÈgislation que les Etats-Unis, les 510 000 Ètrangers nÈs en France seraient franÁais. Et si c'Ètait la lÈgislation des pays d'AmÈrique latine, les rÈsidents depuis plus de 10 ans auraient acquis la nationalitÈ du pays d'accueil. On ne compterait  alors que 638 000 Ètrangers" ! (Coup de Soleil nƒ21) Il aurait pu ajouter : avec la lÈgislation allemande avant la rÈcente rÈforme ou la lÈgislation suisse, ils seraient 6 ou 7 millions ! Ainsi, suivant ces diffÈrentes lÈgislations, la population "ÈtrangËre" de France varie de 600 000 ý 6 millions ! Ceci permet de relativiser grandement et la notion d'Ètranger et celle de national.

Il vient d'Ítre fait allusion au changement, important, des lois sur la nationalitÈ en Allemagne qui a fait une place au droit du sol. Il faut aussi citer la rÈcente loi belge, probablement, la plus ouverte ou, au moins, une des plus ouvertes : la nationalitÈ belge peut s'obtenir pas simple dÈclaration au bout de 7 ans de prÈsence. MÍme si la loi a quelques difficultÈs ý entrer pleinement dans les faits. Il ne fait pas de doute qu'elle va faire diminuer de faÁon trËs significative le nombre d'Ètrangers en Belgique sans aucun changement rÈel dans la composition de cette population !

La lÈgislation varie aussi, beaucoup, dans un mÍme pays au cours de l'histoire. Y compris le lien entre nationalitÈ et citoyennetÈ. En regardant l'histoire de la France coloniale, il apparaÓt que les habitants de l'AlgÈrie Ètaient des nationaux franÁais mais seuls Ètaient citoyens les colonisateurs.

Pour faire face au dÈsÈquilibre dÈmographique, est signÈ le cÈlËbre dÈcret CrÈmieux "qui le 24 octobre 1870 avait naturalisÈ tous les juifs d'AlgÈrie" (Patrick Weil, Qu'est-ce qu'un FranÁais ? Histoire de la nationalitÈ franÁaise depuis la RÈvolution, Grasset, 2002). Il faut remarquer en passant que l'auteur emploie le mot "naturalisÈ" alors que les juifs d'AlgÈrie Ètaient des FranÁais ! Plus tard, le rÈgime raciste du marÈchal PÈtain, par la loi du 7 octobre 1940, dÈcidait d'abroger le dÈcret CrÈmieux : "110 000 juifs d'AlgÈrie ont ÈtÈ ramenÈs du statut de citoyen ý celui de sujet" (Patrick Weil) !

La politique des naturalisations, moyen d'accËs ý la nationalitÈ et par lý ý la citoyennetÈ, est aussi entachÈe d'arbitraire ou pour le moins discutable y compris dans l'immÈdiate aprËs-guerre, sous la signature du gÈnÈral de Gaulle : "il importe que les naturalisations soient effectuÈes suivant une directive d'ensembleÖ de subordonner le choix des individus aux intÈrÍts nationaux dans les domaines ethniques, dÈmographique, professionnel et gÈographiqueÖ Sur le plan ethnique, limiter l'afflux des mÈditerranÈens et des OrientauxÖ" (Patrick Weil). C'est un peu le mÍme phÈnomËne qu'on constate, par exemple, dans l'Èvolution de la lÈgislation britannique depuis 1962 et la crÈation de la notion de "patrial" en 1982.

A travers ces exemples, il apparaÓt clairement que l'entrÈe dans le devenir commun par la nationalitÈ, par la naturalisation est, trop souvent, une entrÈe par l'ethnicitÈ. C'est le sens des affirmations qui disent que la citoyennetÈ ou la nationalitÈ sont l'aboutissement d'une "intÈgration rÈussie", de faÁon plus juste, d'une assimilation.

Il y a une certaine logique dans cette dÈmarche. Les Etats nations sont nÈs bien avant la dÈmocratie moderne qui a trouvÈ une possibilitÈ de dÈveloppement dans leur cadre. Dans ces Èpoques troublÈes o˜ naissait la dÈmocratie, le danger a pu Ítre perÁu comme venant de l'extÈrieur. Cependant ý travers cette peur, cette stigmatisation de l'Ètranger, c'est aussi d'un manque de confiance dans les principes solennellement affirmÈs, d'un manque de confiance dans la dÈmocratie, d'un manque de confiance dans l'Homme qu'il s'agitÖ

DÈs le dÈbut de la RÈvolution franÁaise, une autre forme d'adhÈsion a ÈtÈ possible : par la citoyennetÈ, par l'adhÈsion aux principes rÈvolutionnaires. C'est avec cette volontÈ de faire coÔncider les principes avec la rÈalitÈ, d'avancer vers encore plus de dÈmocratie, cette volontÈ d'intÈgrer politiquement toutes les personnes qui vivent sur un mÍme territoire qu'il faut renouer en allant vers l'attribution de la citoyennetÈ ý tous les rÈsidents quelle que soit leur nationalitÈ.

Avec la stabilisation des dÈmocraties, il n'y a aucune raison de faire place ý cette peur de l'autre. Et la situation est bien diffÈrente dans l'UE d'aujourd'hui o˜ il est plutÙt question d'une citoyennetÈ sans Etat,  dans une UE qui n'est pas (pas encore ?) un Etat nation,.

L'UE ne peut construire une communautÈ politique se rÈclamant de la dÈmocratie, de l'ÈgalitÈ, de l'universalisme en excluant des millions de personnes ! Elle doit Ítre une communautÈ de citoyens.

D'ailleurs, La Commission reÁoit un nombre non nÈgligeable de lettres demandant les dÈmarches ý suivre pour devenir citoyen de l'Union sans passer par la citoyennetÈ d'un Etat membre peut on lire dans le TroisiËme rapport de la Commission sur a citoyennetÈ de l'Union. Ceci montre bien qu'il y a dans la population une demande de citoyennetÈ qui pourrait ne pas passer par la nationalitÈ. Cette citoyennetÈ europÈenne serait probablement la mieux adaptÈe ý la situation des Roms en Europe. La notion de nationalitÈ pourrait avoir alors une signification identitaire.

LA RESIDENCE COMME PORTEUSE DE DROITS

La nationalitÈ n'est seule crÈatrice de droits, y compris politiques, que dans l'imaginaire. De plus en plus, la rÈsidence joue ce rÙle. Depuis les droits des sans papiers jusqu'au droit d'accËs ý la nationalitÈ en passant par les droits sociaux, syndicaux, culturels, politiques...

La lutte des sans papiers est, de ce point de vue, exemplaire. Ils ont fait admettre qu'ils avaient des droits par le seul fait qu'ils Ètaient lý. "Les sans papiers ne sont pas sans droits" (c'est le titre d'une campagne du Gisti en France). Hier, la revendication de droits passait par le travail, aujourd'hui, elle passe de plus en plus par la rÈsidence. Les sans papiers ont des droits, minimes, souvent inappliquÈs mais ils ont des droits. Qui plus est, leur rÈgularisation est souvent fonction de la longueur de leur rÈsidence (illÈgale !) dans le pays ! La rÈsidence donne aussi droit d'accËs ý la nationalitÈ : une certaine durÈe de rÈsidence permet de demander la nationalitÈ du pays de rÈsidence et d'obtenir ainsi, sous certaines conditions, tous les droits des nationaux. Il a ÈtÈ dit que, au bout de 7 annÈes de prÈsence, il est possible d'acquÈrir la nationalitÈ belge par simple dÈclaration et donc tous les droits des nationaux belges. Mais si la personne ne demande pas la nationalitÈ belge, ces 7 annÈes de sÈjour ne lui donnent pas la citoyennetÈ mÍme locale  !

La rÈsidence est aussi crÈatrice de droits politiques : des droits qui, hier, Ètaient considÈrÈs comme politiques sont, dans la plupart des pays dÈmocratiques, aujourd'hui reconnus aux rÈsidents Ètrangers : droit d'association, droit d'expression, de manifestation, de se syndiquerÖ et mÍme certains droits politiques au sens strict du terme. Ainsi, paradoxalement, en France, les partis politiques Ètant de simples associations et les rÈsidents Ètrangers ayant dÈsormais la complËte ÈgalitÈ avec les nationaux au niveau associatif, rien n'empÍche un rÈsident Ètranger de devenir prÈsident d'un parti politique. Mais il ne pourra pas participer, ni comme Èlecteur, ni comme candidat, ý aucune Èlection, mÍme municipale, s'il n'est pas ressortissant de l'UE !!! Les rÈsidents Ètrangers ont aussi la possibilitÈ d'Ítre membres d'un parti politique dans de nombreux pas qui n'accordent pas le droit de vote comme en Allemagne, BelgiqueÖ

En fait, il se dessine, en Europe occidentale, terre d'immigration, une double Èvolution : Èlargissement des droits attachÈs ý la rÈsidence et progression du droit du sol dans l'attribution de la nationalitÈ.

 

NATIONALITE, CITOYENNETE

La nationalitÈ rÈpond ý la question "Qui sommes nous ?", et encore les rÈponses ý cette question sont multiples car les appartenances sont diverses : nationalitÈ bien sšr mais aussi situation familiale, profession, religion, sexe, ’geÖ Il n'est pas question de nier les liens qui existent entre personnes d'une mÍme communautÈ, d'une mÍme nationalitÈ, liens qui fondent une partie de l'identitÈ. MÍme si ces liens font souvent rÈfÈrence ý un passÈ mythique o˜ des ancÍtres communs expliquent l'attachement au droit du sang, ý la filiation. Mais cette histoire dÈjý mythique au niveau national l'est encore plus au niveau europÈen. Il n'y a pas un peuple europÈen, il y a diversitÈ de peuples, de cultures, de religionsÖ

La citoyennetÈ rÈpond ý la question "Comment vivre ensemble sur le mÍme territoire ?" "Comment s'organiser pour construire un avenir commun dans la diversitÈ ?" Le citoyen est celui qui prend en main sa situation dans le respect du bien commun et, en dÈmocratie, sans exclusion. La citoyennetÈ implique une relation aux autres, conflictuelle mais Ègalitaire.

 

La Commission a pu dire : "En outre, les ressortissants des autres Etats membres s'intËgrent ý l'activitÈ Èconomique et sociale de leur pays d'accueil, d'autant mieux qu'ils jouissent dÈjý de droits identiques ý ceux des nationauxÖ Il est plus logique, sinon justifiÈ, de prendre part au scrutin organisÈ dans la commune de rÈsidence mÍme si l'on a la nationalitÈ d'un autre Etat membre, plutÙt que de continuer ý participer au scrutin dans une commune o˜ l'on ne rÈside plus mais dont on a la nationalitÈ" (Proposition de directive du Conseil sur le droit de vote des ressortissants des Etats membres aux Èlections municipales dans l'Etat membre de rÈsidence COM (88) 371 final 24 juin 1988). Si l'attribution des droits politiques est un facteur d'intÈgration, si ces droits sont attribuÈs aux uns et non aux autres, est-ce ý dire qu'il existe une volontÈ d'intÈgrer les uns et non les autres ? Ce serait lý une faute grave.

Qui a intÈrÍt ý ce que se constituent des populations de plus en plus nombreuses exclues de la participation ? Il n'est pas possible de proclamer impunÈment que l'on construit sur des principes universels sans le faire en pratique. Il ne faudra pas s'Ètonner si certains vont ensuite chercher ailleurs une reconnaissance de dignitÈ.

A moins qu'il existe, dans la construction de la citoyennetÈ de l'Union, la volontÈ d'aboutir ý la mise en place d'une citoyennetÈ de type Etat-nation en instituant un lien nationalitÈ de l'UE-citoyennetÈ de l'UE. C'est le refus d'une telle Èvolution que le Danemark a fait prÈciser aprËs le premier rejet par rÈfÈrendum du traitÈ de Maastricht : "aucune disposition du traitÈ de l'UE n'implique ni prÈvoit un engagement visant ý crÈer une citoyennetÈ de l'Union au sens de citoyennetÈ d'un Etat nation". Quelle que soit la forme que prendra l'UE de demain, a-t-elle intÈrÍt ý ce que, par suite d'une exclusion, se constituent des communautÈs repliÈes sur elles-mÍmes ?

En pensant ý l'avenir commun, il paraÓt Èvident que chacun doit pouvoir participer ý cette construction. Non seulement par son apport professionnel, sportif, artistique, dÈmographiqueÖ mais au moment des prises de dÈcision. La participation aux dÈcisions, la citoyennetÈ, est facteur d'intÈgration, de cohÈsion sociale. Peut-on imaginer une rÈelle ÈgalitÈ dans l'application de la loi sans ÈgalitÈ au niveau de son Èlaboration ? Le droit de vote dans cette optique n'est que la reconnaissance formelle de la citoyennetÈ. Donner le droit de vote, reconnaÓtre la citoyennetÈ de l'UE, ce serait lÈgitimer des actions qui souvent existent dÈjý ý travers la militance syndicale, associative, la participation ý la vie du quartier, de l'entreprise, de l'Èglise, du club sportif ou de l'association de parents d'ÈlËve. A cette citoyennetÈ qui vient d'en bas, il faut faire correspondre la citoyennetÈ qui vient d'en haut. Sous peine de voir naÓtre des frustrations. Donner le droit de citoyennetÈ, c'est surtout lÈgitimer la prÈsence, reconnaÓtre le droit d'avoir des droits, d'en revendiquer des nouveaux.

 

L'Europe est par nature multiculturelle. Elle ne peut se b’tir que sur des valeurs universelles. Encore faut-il qu'elle accepte rÈellement et la variÈtÈ des cultures et l'universalisme. Elle ne peut se contenter d'un multiculturalisme et d'un universalisme mesquins sans un jour ou l'autre en payer les consÈquences. Si la nationalitÈ, l'Etat nation ont souvent ÈtÈ crÈÈs avant la citoyennetÈ, avant la mise en place de rÈgimes dÈmocratiques, il n'en est pas de mÍme quand il s'agit de l'UE : il n'y a pas un peuple europÈen, il n'y a pas un Etat nation europÈen. La citoyennetÈ de l'UE est une citoyennetÈ sans Etat. La diversitÈ est constitutive de l'UE. Alors pourquoi ne pas fonder "l'EuropÈanitÈ" justement sur la citoyennetÈ, sur l'adhÈsion aux principes fondateurs, sur la participation aux dÈcisions ? Pourquoi l'UE ne serait-elle pas une crÈation des citoyens, de tous ceux qui manifestent leur adhÈsion par leur demande de participation ? Et cette volontÈ de participation, de citoyennetÈ Ègalitaire sera constitutive de l'identitÈ, l'identitÈ europÈenne par la citoyennetÈ. L'identitÈ europÈenne ne peut Ítre une identitÈ nationale, elle peut Ítre citoyenne. L'adhÈsion par la naturalisation, c'est l'adhÈsion ý une communautÈ mythique constituÈe. L'adhÈsion par la citoyennetÈ, c'est l'adhÈsion ý un projet, ý une identitÈ en construction qui repose sur le politique, sur la raison, sur la volontÈ de construire ensemble.

 

INCOHERENCES

L'attribution de la nationalitÈ demeure dans le traitÈ de Maastricht du ressort de chaque Etat : "La ConfÈrence dÈclare que chaque fois que le traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne fait rÈfÈrence aux ressortissants des Etats membres, la question de savoir si une personne a la nationalitÈ de tel ou tel Etat membre est rÈglÈe uniquement par rÈfÈrence au droit national de l'Etat concernÈÖ" (DÈclaration relative ý la nationalitÈ d'un Etat membre annexÈe au traitÈ de Maastricht ). La citoyennetÈ passant par la nationalitÈ, ceci entraÓne des incohÈrences.

Deux frËres s'installent dans deux pays diffÈrents de l'UE : "A" dans un pays qui applique le droit du sol, facilite les naturalisations. Au bout de quelques annÈes, il obtient la nationalitÈ du pays. Son frËre "B" s'installe dans un pays qui n'applique que le droit du sang, il conserve sa nationalitÈ d'origine. Au bout de quelques annÈes, "A" et "B" sont aussi intÈgrÈes l'une que l'autre, chacune dans son pays d'accueil. "A" dÈcide d'aller vivre dans le pays de "B". Il ne parle pas la langue, ne connaÓt rien au pays mais, en fonction de la nationalitÈ obtenue dans le pays de rÈsidence, il bÈnÈficie de la citoyennetÈ de l'UE peut voter aux Èlections municipales alors que son frËre "B", qui le guide dans ses dÈmarches de la vie quotidienne ne le pourra pas !

Il semble normal que chaque pays puisse dire qui est national et qui ne l'est pas. Il semble tout aussi normal que l'UE puisse dire qui est citoyen de l'UE et qui ne l'est pas. A dÈfaut, demain, devant des incongruitÈs comme celle dÈcrite ci-dessus, l'UE risque d'Ítre tentÈe par une harmonisation des lois sur la nationalitÈ. Il est peut-Ítre souhaitable que des Èvolutions se fassent vers une plus grande cohÈrence des lÈgislations sur la nationalitÈ. Mais en attendant, donner la citoyennetÈ de l'UE ý tous les rÈsidents Èviterait des exclusions choquantes, apparemment arbitraires, au moins variables d'un pays ý un autre.

LES ALLIES

Cette revendication d'une citoyennetÈ de rÈsidence n'est pas le fait de quelques utopistes.

La ville de Barcelone a encouragÈ, dans le cadre de "EurocitÈs" un document sur la citoyennetÈ europÈenne dans lequel il est proposÈ : "Toutes les personnes ayant la nationalitÈ d'un pays non membre de l'UE, pouvant justifier de trois ans de rÈsidence lÈgale dans un pays de l'UE ou cinq ans de rÈsidence lÈgale dans diffÈrents pays de l'UE auront le droit d'acquÈrir la citoyennetÈ europÈenne. La citoyennetÈ europÈenne comportera l'ÈgalitÈ des droits et des devoirs par rapport aux nationaux du pays de rÈsidence" (Quelle participation des rÈsidents Ètrangers ý la vie publique locale ? Actes, Strasbourg, 5-6 novembre 1999. ConfÈrence organisÈe par le CCE de la ville de Strasbourg avec le soutien du FAS et le CongrËs des pouvoirs locaux et rÈgionaux. Etudes et travaux nƒ71, Editions du Conseil de l'Europe).

La Convention  du Conseil de l'Europe sur la participation des Ètrangers ý la vie publique au niveau local du 5 fÈvrier 1992 rappelle que "la citoyennetÈ de rÈsidence est une caractÈristique des sociÈtÈs europÈennes" et mise sur  "la nÈcessitÈ d'amÈliorer l'intÈgration des rÈsidents Ètrangers dans la communautÈ locale, notamment par l'accroissement des possibilitÈs de participation  aux affaires publiques locales" (Actes, Strasbourg, 5-6 novembre 1999. ConfÈrence organisÈe par le CCE de la ville de Strasbourg et le CongrËs des pouvoirs locaux et rÈgionaux. Etudes et travaux nƒ71, Editions du Conseil de l'Europe).

 

L'Appel de Strasbourg du 6 novembre 1999, lancÈ ý cette occasion par le Conseil de l'Europe-CongrËs des pouvoirs locaux et rÈgionaux de l'Europe et le Conseil consultatif des Ètrangers de Strasbourg, s'appuyant "sur les principes de la Convention europÈenne des droits de l'homme du Conseil de l'Europe" demande de permettre "aux rÈsidents Ètrangers sans distinction de nationalitÈ d'obtenir le droit de vote et d'ÈligibilitÈ au niveau local" (art.2). Il estime "discriminatoire une citoyennetÈ limitÈe aux seuls ressortissants de l'UE" (art.4) et demande "d'accorder le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux citoyens-rÈsidents"(art.10). Bien que l'Appel de Strasbourg n'en parle pas, l'exclusion des citoyens-rÈsidents du droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections europÈennes est tout aussi discriminatoire.

Le Conseil de l'Europe a ouvert ý la signature des Etats, le 5 fÈvrier 1992, la Convention 144 sur la participation des Ètrangers ý la vie publique au niveau local qui vise, entre autres, "ý accorder le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections locales ý tout rÈsident Ètranger pourvu que celui-ci remplisse les mÍmes conditions que celles qui s'appliquent aux citoyens et, en outre, ait rÈsidÈ lÈgalement et habituellement dans l'Etat en question pendant les cinq ans prÈcÈdant les Èlections (Art.6). Cette Convention a ÈtÈ signÈe par 8 membres (Chypre, Danemark, Italie, Pays Bas, NorvËge, SuËde, Royaume Uni). et ratifiÈe par 5, (Danemark, Italie avec restriction sur le droit de vote !, Pays-Bas, NorvËge et SuËde). A ce rythme, combien d 'annÈes faudra-t-il pour qu'elle soit appliquÈe dans tous les pays du Conseil de l'Europe ?

L'UE doit accÈlÈrer les choses ! D'autant que le seul "progrËs" en ce sens, depuis l'adoption du droit de vote des ressortissants Ètrangers aux Pays Bas en 1985, est venu du TraitÈ de Maastricht en 1992 et non d'un des Etats de l'UE ! Mais le traitÈ de Maastricht a ignorÈ la proposition de circulaire de 1974 qui disait : "L'objectif ý atteindre est celui d'accorder aux migrants, au plus tard en 1980, la participation complËte aux Èlections locales, sous certaines conditions ý dÈfinir, notamment de temps de rÈsidence prÈalable" (Programme d'action en faveur des travailleurs migrants et de leurs familles prÈsentÈ ý Bruxelles le 18 novembre 1974 ý la Commission des communautÈs europÈennes, CEE Bruxelles COM (74) 22.50 TransformÈ en rÈsolution le 9 fÈvrier 1976). Il a mis en place la citoyennetÈ de l'UE rÈservÈe aux seuls nationaux de l'UE

Parmi les instances qui ont pris positions pour la  citoyennetÈ de rÈsidence, il faut noter le Conseil Èconomique et social de l'UE et le Forum des migrants. Renzo Imbeni a proposÈ une Ètape similaire dans son rapport sur la citoyennetÈ de l'UE (Agence Europe nƒ6150, 17-18 janvier1994).

Le Parlement europÈen (PE), particuliËrement intÈressÈ, ne se contente pas du traitÈ de Maastricht. Il a votÈ, ý plusieurs reprises, des rÈsolutions en faveur de l'extension du droit de vote de tous les rÈsidents pour les Èlections municipales et europÈennes quelle que soit leur nationalitÈ : en 1993, il "demande au Conseil, ý la Commission et aux Etats membres de mettre fin ý la discrimination ý l'Ègard des citoyens "extracommunautaires" par rapport aux citoyens communautaires en accordant le droit de vote aux Èlections municipales aux personnes qui rÈsident lÈgalement depuis cinq ans dans un Etat membre" (RÈsolution A3-0127/93 du 21/04/1993 sur la rÈsurgence du racisme et de la xÈnophobie en Europe et le danger de la violence extrÈmiste de droite). Plus rÈcemment, il recommencÈ, comme par exemple, le 16 mars 2000, o˜ il a adoptÈ son rapport annuel sur le "respect des droits humains dans l'Union europÈenne (1998-1999)" par 265 voix contre 125 et 33 abstention. Le texte adoptÈ affirme : "Le Parlement europÈen souhaite que, conformÈment aux principes dÈmocratiques fondateurs de l'Union europÈenne, les Etats membres adaptent leur lÈgislation dans les meilleurs dÈlais de faÁon ý Ètendre le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales et europÈennes ý l'ensemble des citoyens extra-communautaires rÈsidant depuis plus de 5 ans sur leur territoire". De nouveau en 2001, il a adoptÈ le rapport "sur la situation des droits fondamentaux dans l'UE" (2000). Un amendement, prÈsentÈ par les Communiste et les Verts, a ÈtÈ adoptÈ par 240 voix contre 185. Cet amendement demandait "l'extension du droit de voter et de se prÈsenter aux Èlections municipales et europÈennes (droit accordÈ au titre de l'article 19 du traitÈ aux citoyens communautaires) ý tous les ressortissants non communautaires qui rÈsident lÈgalement sur leur territoire depuis au moins 3 ans".

Avant le traitÈ de Maastricht, des pays appartenant aujourd'hui ý l'UE, avaient attribuÈ des droits politiques, notamment le droit de vote et d'ÈligibilitÈ pour les Èlections locales, aux personnes rÈsidant sur leur territoire sans aucune considÈration quant ý leur nationalitÈ. C'est le traitÈ de Maastricht qui a instaurÈ le critËre de nationalitÈ ! Il convient de mettre un terme ý cette discrimination malencontreuse qui donne de l'UE une image en contradiction avec les valeurs dont elle se rÈclame.

 

DES ARGUMENTS DEVENUS OBSOLETES

Il est trËs choquant de voir que des ressortissants de l'UE ont le droit de vote aux Èlections municipales et europÈennes dËs leur installation dans un pays de l'Union dont ils n'ont pas la nationalitÈ, dans les mÍmes conditions que les nationaux, alors que les ressortissants des Etats tiers, installÈs quelquefois depuis longtemps, ne l'ont pas. C'est une discrimination fondÈe uniquement sur la nationalitÈ quels que soient, par ailleurs, les qualitÈs ou les mÈrites des uns ou des autres, leur degrÈ d'intÈgrationÖ

L'adoption du traitÈ de Maastricht a bien montrÈ que les arguments avancÈs pour s'opposer ý l'attribution du droit de vote aux rÈsidents Ètrangers Ètaient des arguments peu sÈrieux, de circonstance, qui ne tenaient pas devant une volontÈ politique affirmÈe. DÈsormais, il n'est pas demandÈ au citoyen de l'UE rÈsidant dans un pays de l'UE dont il n'a pas la nationalitÈ s'il parle la langue du pays o˜ il rÈside, depuis quand il y est installÈ, s'il est ou non intÈgrÈÖ A partir du moment, o˜ il a sa rÈsidence dans le pays, il jouit des droits attachÈs ý la citoyennetÈ de l'UE dans les mÍmes conditions que les nationaux. Pourquoi avoir pour des ressortissants des pays tiers des exigences que l'on n'a pas pour les rÈsidents europÈens ? Les ressortissants de tel ou tel pays, aujourd'hui extra-communautaire, n'ont pas la citoyennetÈ de l'UE. L'adhÈsion de ces pays, demain, ý l'UE va-t-elle changer leur nature, dÈtruire toutes les disgr’ces dont il sont porteurs aujourd'hui ? Elle en fera des citoyens de l'UE !

La question est de savoir quel est le fondement de l'appartenance ý la communautÈ politique. Est-ce la nationalitÈ et, ý travers elle, les gouvernements ou le fait de vivre ensemble, de travailler ensemble, de partager les mÍmes soucis, les mÍmes espoirs ? MÍme si demeurent encore des inÈgalitÈs qu'il faudrait repÈrer et Èliminer.

 

RECIPROCITE

Lors de la ratification du traitÈ de Maastricht, bien des sujets ont ÈtÈ motifs de controverse. La citoyennetÈ de l'UE n'a pas, semble-t-il posÈ beaucoup de problËmes. Son application n'a choquÈ personne ý l'occasion des diverses Èlections municipales et europÈennes sauf ceux qui en sont exclus.

Un argument, cependant, demeure : le principe de rÈciprocitÈ. Le traitÈ de Maastricht est un traitÈ de rÈciprocitÈ entre Etats qui accordent les mÍmes avantages aux rÈsidents d'un autre Etat que ceux qui sont reconnus ý ses propres ressortissants dans cet Etat. Mais rien n'empÍche "d'ouvrir" le traitÈ. Il n'est pas pertinent, sous prÈtexte de non rÈciprocitÈ, de faire dÈpendre la qualitÈ de la dÈmocratie au sein de l'UE, de pays que les rÈsidents Ètrangers venus s'Ètablir en Europe ont, souvent, quittÈ pour fuir l'oppression ou les persÈcutions.

Il n'est aucun principe fondamental qui exige la rÈciprocitÈ pour donner de nouveaux droits. On peut citer l'exemple de la peine de mort. Les pays qui ont supprimÈ la peine de mort, l'ont supprimÈe pour tous les criminels mÍme s'ils proviennent de pays o˜ cette peine est en vigueur et o˜ leurs ressortissants risquent d'y Ítre soumis.

Avant le traitÈ de Maastricht, les pays qui avaient donnÈ le droit de vote ý leurs rÈsidents Ètrangers ne l'avaient pas fait en fonction du principe de rÈciprocitÈ mais de leur volontÈ de dÈmocratiser leur sociÈtÈ et l'avaient attribuÈ, quelquefois aprËs une Ètape intermÈdiaire, ý tous les rÈsidents quelle que soit leur nationalitÈ. Les partisans de la rÈciprocitÈ n'ont pas, alors, invoquÈ ce principe pour ouvrir leur citoyennetÈ ý leurs ressortissants. Ils ne l'invoquent pas plus pour rÈclamer le droit de vote et d'ÈligibilitÈ pour les NorvÈgiens ou les NÈo-ZÈlandaisÖIls l'invoquent seulement pour la fermer.

 

DROITS DE CITOYENS DE L'UNION

Il est souvent affirmÈ qu'il n'y a pas de dÈfinition juridique de la citoyennetÈ. Pour la citoyennetÈ de l'UE, le mode d'attribution dÈcoule de l'article 17 de la Version consolidÈe du traitÈ instituant la CommunautÈ europÈenne (ex-art.8), citÈ plus haut. Quant aux droits attachÈs ý cette citoyennetÈ, ils sont limitativement ÈnumÈrÈs dans le traitÈ :

- "Tout citoyen de l'Union a le droit de pÈtition devant le Parlement europÈen... Tout citoyen de l'Union peut s'adresser au mÈdiateur ... Tout citoyen de l'Union peut Ècrire ý toute institution ou organe visÈ au prÈsent article ou ý l'article 7 dans l'une des langues visÈes ý l'article 314 et recevoir une rÈponse rÈdigÈe dans la mÍme langue" (art. 21 ex-art.8D).

Ces droits sont aussi reconnus par le traitÈ ý "toute personne physique ou morale rÈsidant ou ayant son siËge statutaire dans un Etat membre" (art.194 ex-art.138D et 138E) Le traitÈ d'Amsterdam a prÈcisÈ que tout citoyen de l'UE peut dÈsormais Ècrire dans une des douze langues des traitÈs et recevoir une rÈponse rÈdigÈe dans la mÍme langue.

- "Tout citoyen de l'Union a le droit de circuler et de sÈjourner librement sur le territoire des Etats membres, sous rÈserve des limitations et conditions prÈvues par le prÈsent traitÈ et par les dispositions prises pour son application" (art.18 ex-art.8A). Ce droit sera reconnu, ý terme, ý tous les rÈsidents. C'est le but poursuivi depuis le traitÈ de Rome jusqu'au traitÈ de Nice en passant par le traitÈ de Schengen. Au moment o˜ tout le monde demande la circulation des travailleurs, il ne paraÓt pas raisonnable de la rÈserver aux seuls travailleurs ayant la nationalitÈ de l'UE dont on regrette d'ailleurs qu'ils s'en servent si peu !

- "Tout citoyen de l'Union bÈnÈficie, sur le territoire d'un pays tiers o˜ l'Etat membre dont il est ressortissant n'est pas reprÈsentÈ, de la protection de la part des autoritÈs diplomatiques et consulaires de tout Etat membre, dans les mÍmes conditions que les nationaux de cet Etat" (art.20 ex-art.8C). Ce droit n'est pas un droit de citoyen mais de national. Il n'est pas vÈritablement rattachÈ ý l'UE dans la mesure o˜ ce n'est pas l'UE qui protËgera le ressortissant mais un Etat membre de l'UE et dans la mesure o˜ l'Etat de rÈsidence acceptera cette reprÈsentation. L'UE n'est pas reconnue comme une entitÈ juridique. Dans le cadre d'une citoyennetÈ de rÈsidence, ce droit ne pourrait Ítre attribuÈ au ressortissant d'un Etat tiers qu'en cas d'accord de cet Etat.

- "Tout citoyen de l'Union rÈsidant dans un Etat membre dont il n'est pas ressortissant, a le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections municipales (et) aux Èlections au Parlement europÈen dans l'Etat membre o˜ il rÈside, dans les mÍmes conditions que les ressortissants de cet Etat" (art.19 ex-art.8B). Ce sont ces droits politiques qui devraient Ítre reconnus aux ressortissant des Etats tiers. Le droit de vote et d'ÈligibilitÈ pour les Èlections municipales (et quelquefois pour d'autres Èlections locales) est dÈjý reconnu ý tous les rÈsidents Ètrangers quelle que soit leur nationalitÈ dans 5 Etats membres. Aucun des 15 Etats membres n'a donnÈ le droit de vote et d'ÈligibilitÈ aux Èlections europÈennes.

Demander l'accËs ý la citoyennetÈ de l'UE pour tous les rÈsidents, c'est aller au delý de la simple revendication du droit de vote. C'est demander la reconnaissance de l'ÈgalitÈ pour tous les rÈsidents aujourd'hui et surtout demain. C'est revendiquer les droits attachÈs aujourd'hui ý cette citoyennetÈ et ceux qui lui seront rattachÈs Èventuellement, demain. C'est affirmer que la citoyennetÈ de l'UE ne sera pas b’tie sur des notions "nationales" ou "nationalistes", ou ethniques mais sur la volontÈ du vivre ensemble.

 

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[1]           Notamment: Bade-Wurtenberg 1999, BaviËre 1996, Berlin 1996,  BrÍme 1999, Hambourg 1997, Hesse 1996, Basse‑Saxe 1996 et 2001, RhÈnanie du Nord-Westphalie 1999, RhÈnanie‑Palatinat 1999, Sarre 1999, Saxe 1999, Schleswig-Holstein 1998.

[2]           Tyrol 1998, Salzbourg 1999, Vorarlberg 2000.