Migrants et étrangers

en FRANCE

 

Vocabulaire

 

Pour se comprendre entre gens de langue, de culture et d'histoire différentes, il faut définir son vocabulaire.

 

Citoyenneté: au sens strict, caractérise les droits politiques (particulièrement le droit de vote), la participation dans ses différentes modalités à la conduite des affaires publiques.

Conseils municipaux: ce sont les organes politiques des communes. A leurs têtes, le maire et les maires-adjoints.

Etranger: est étrangère toute personne n'ayant pas la nationalité du pays.

Immigré: il existe un recouvrement important des notions d'immigré et d'étranger. Cependant, un nombre important d'étrangers ne sont pas des immigrés (enfants d'étrangers, nés en France et n'ayant pas encore ou pas choisi la nationalité française). Un nombre important d'immigrés ne sont pas étrangers (personnes venant des territoires français d'outre mer, naturalisés).

Nationalité: est nationale toute personne ayant la nationalité du pays. La plus grande différence, aujourd'hui, entre nationaux et étrangers est la possession du droit de vote à toutes les élections (sauf critères d'exclusion: âge inférieur à 18 ans, déchéance du droit de vote pour condamnation de justice dans certains cas, pour aliénation) et l'accès à l'emploi. Il y quelques dizaines d'années, la différence entre nationaux et étrangers comprenait une série de droits sociaux.

Parlement: le parlement est composé de deux chambres, l'Assemblée Nationale (députés, élus au suffrage universel) et le Sénat (sénateurs élus par les élus des collectivités locales). La France est un Etat unitaire: seul le Parlement vote des lois.

 

Données sur la France

 

Surface: 550000 km2

Population (POP): 60 millions

Etrangers (ETR): 3,5 millions (5,8%POP)

Etrangers communautaires (ETRc): 35%ETR

Etrangers non communautaires (ETRnc): 65%ETR

 

Afin de pouvoir comparer les politiques migratoires, il est important de donner les chiffres relativement à la population, indiqués dans le texte par "%POP".

 

Principales associations nationales luttant contre le racisme, pour l'égalité des droits des étrangers:

ACORT (Association des citoyens originaires de Turquie)

AMF (Association des marocains en France)

ATMF (Association des travailleurs maghrébins en France)

CIMADE (service œcuménique d'entraide, églises protestantes, orthodoxes)

CNSP (Coordination nationale des sans-papiers)

FASTI (Fédération des associations de soutien aux travailleurs immigrés)

FFNL (Fédération nationale Léo Lagrange)

FTCR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives)

GISTI (Groupe d'information et soutien aux immigrés)

LDH (Ligue pour la défense des droits de l'homme)

LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme)

Ligue de l'enseignement

MRAP (Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples)

Pastorale des migrants (église catholique)

SOS-Racisme

 

Fédérations syndicales: CFDT, CGT, CNT, FSU, Groupe des 10

 

Flux migratoires

 

A la différence des autres pays européens qui ont connu une immigration conséquente après 1945, la France est un pays d'immigration depuis 2 siècles. La raison en est d'abord la relative faiblesse démographique de la France, l'immigration étant donc une immigration de peuplement. D'abord, immigrations principalement européennes (Belgique, Allemagne, Italie au XIX ième siècle, Italie, Pologne, Espagne dans la première moitié du XX ième siècle). Après 1945, les immigrés viennent du sud de l'Europe (Espagne, Portugal), puis, de plus en plus, du tiers-monde (pays du Maghreb – Algérie, Maroc, Tunisie –, Turquie, ex-colonies d'Asie du Sud-Est – Vietnam, Laos, Cambodge –, ex-colonies d'Afrique noire, Chine, Sri Lanka…).

 

Hormis la première guerre mondiale, pendant laquelle la France a fait venir les étrangers par centaines de milliers (pour faire la guerre ou travailler), les flux les plus importants ont eu lieu au cours des 50 dernières années, avec une différence essentielle entre la période précédant 1974 et la période suivant 1974. 1974 est l'année où le gouvernement fit subir un très fort ralentissement à l'immigration de travail. La période 1945-74 correspond à un fort développement économique qui a nécessité un recours non seulement aux travailleurs des campagnes françaises (du champ à l'usine), mais encore des travailleurs immigrés. Durant cette période, les sans-papiers étaient régularisés au fur et à mesure. Après 1974, il y a eu divorce entre la politique nationale et les réalités internationales des migrations. Le stock des sans-papiers grossissait. En 1982 eut lieu une première opération de régularisation (à la satisfaction à peu près générale), 130000 régularisés pour 140000 dossiers. La régularisation des déboutés du droit d'asile de 1991 a rencontré plus d'obstacles, de résistances, de réticences. Au vu du chiffre (15000 pour 30000 dossiers), ce fut une demi-régularisation. La régularisation décidée en 1997 a été beaucoup plus problématique. Après la régularisation de 63000 sans-papiers en 1998, son application a traîné (90000 régularisés pour 140000 dossiers). Ce fut considéré comme un des échecs du gouvernement (de gauche) qui l'avait décidée. La question n'est toujours pas réglée, des luttes, des manifestations ayant toujours lieu sur ce thème.

 

Les infractions à la loi sur le séjour donnent souvent lieu à condamnation à diverses formes d'éloignement du territoire (expulsions): environ 40000 chaque année. Mais seules 10000 d'entre elles sont exécutées. Les personnes condamnées à l'expulsion peuvent être placées dans des centres de rétention administratifs en vue de leur éloignement du territoire. Nombre d'organisations militent pour la suppression des centres de rétention.

Organisations soutenant activement les sans-papiers: associations (la plupart), partis (PCF, Les Verts, Les Alternatifs, LCR, LO)

Demandeurs d'asile

Hormis ce pourquoi il a été créé (Convention de Genève de 1951 pour les réfugiés d'URSS et d'Europe de l'Est), le thème de l'asile est réellement apparu après la fin de l'immigration de travail. Avant 1974, les immigrés étant accueillis à bras ouverts (et dans des conditions d'exploitation, de logement… difficiles), le recours à la demande d'asile était rare. Avec le fort durcissement des conditions d'entrée en France et avec l'augmentation du nombre de réfugiés dans le monde et des évènements dans certaines régions (ex-Yougoslavie, Turquie, Mauritanie, Algérie…), les recours à la procédure d'asile se sont multipliés. Pour les gouvernements français, les réfugiés sont de faux réfugiés et de vrais immigrés économiques. En général, la France prend en compte les persécutions de l'Etat. Ce qui a conduit, par exemple, à restreindre très fortement la reconnaissance des demandes des Algériens. Un aménagement de la loi a créé l'asile territorial, statut différent de celui donné par la Convention de Genève, en principe pour traiter les cas tels que ceux des Algériens. En pratique, ce statut est peu utilisé.

 

Aujourd'hui, la France accueille environ 30000 demandeurs d'asile par an (0,05%POP). Le taux d'attribution du statut de réfugié est de 25% (???). Une minorité de demandeurs sont expulsés: les autres viennent grossir les rangs des sans-papiers.

 Organisations luttant activement pour un large droit à l'asile: associations (la plupart), partis (PCF, Les Verts, Les Alternatifs, LCR, LO).

 

Acquisition de nationalité

 

L'acquisition de nationalité se fait par différentes voies, témoignage de l'ancienneté de la question en France et de la réalité de l'immigration de peuplement. En particulier, la France a développé le droit du sol, à côté du droit du sang. On acquiert la nationalité française par naturalisation, réintégration (cette dernière notion est liée à l'existence des colonies; ces deux modes d'acquisition se font par décret), par mariage, et par diverses procédures, en fonction de l'âge, pour les enfants d'étrangers nés en France (acquisitions par déclaration). Au cours des années 90, environ 100000 étrangers ont obtenu chaque année la nationalité française. Chaque année, il faut ajouter environ 25000 personnes nées françaises de parents étrangers (eux-mêmes nés en France). 125000 personnes étrangères ou enfants d'étrangers obtiennent donc la nationalité française chaque année, soit 0,2%POP et 3,5%ETR.

 

Ce thème n'est pas un sujet de campagne. Lors du vote de la dernière loi (1998), les Verts ont défendu le principe d'un droit du sol étendu. Certains défendent le droit à la nationalité, à l'image du droit adopté en Belgique en 2000.

 

Citoyenneté et droit de vote

 

En France, comme dans tous les pays, la citoyenneté est très fortement liée à la nationalité. Ainsi, la France a mis du temps pour adopter le droit de vote des étrangers communautaires (élections municipales, élections européennes). Même adopté, il connaît une limitation: les conseillers municipaux étrangers communautaires n'ont pas le droit d'être maires ou maires-adjoints.

 

L'Assemblée Nationale a voté le droit de vote municipal des étrangers non communautaires le 3/05/2001. Le texte doit passer devant le Sénat avant de poursuivre la procédure en vue de son adoption. Il n'a jamais été présenté devant cette assemblée.

 

Organisations luttant activement pour le droit de vote des étrangers: associations (la plupart), partis (PCF, Les Verts, Les Alternatifs, LCR, LO)

Le PS a une position ambiguë.

 

Outre la citoyenneté nationale, nous sommes porteurs d'une citoyenneté européenne. Actuellement, d'après le traité instituant la Communauté européenne, la citoyenneté européenne est attribuée à tous ceux qui ont la nationalité de l'un des Etat membre de l'Union européenne (UE). En sont donc exclus les hommes et les femmes ressortissants des pays non membres (pays tiers), soit 15 millions de personnes en UE. Quelle citoyenneté, quels droits de vote pour ces étrangers? En France, une proposition est faite d'étendre la citoyenneté à ces personnes, en créant une citoyenneté de résidence à côté de la citoyenneté de nationalité. En pratique, est visée l'alignement des étrangers non communautaires sur les étrangers communautaires, avec attribution des droits de vote municipal et européen. Cette proposition est reprise par ENAR.

 

Organisations luttant activement pour la citoyenneté de résidence des étrangers non communautaires: une vingtaine d'organisations à travers les collectifs "Pour une véritable citoyenneté européenne" et ENAR-France.

 

Discriminations

 

En général, les discriminations entre étrangers et nationaux désignent des différences de traitement, de situation contraires à la loi. Inégalités devant le travail, le logement, l'accès aux services publics (administrations par exemple) et privés (cafés, discothèques…). Relèvent de ce domaine le racisme et la xénophobie. C'est un domaine très difficile, la démonstration de la preuve est difficile. Situation d'autant plus complexe que les discriminations relèvent soit de la distinction nationaux et étrangers, soit de la couleur de la peau.

 

Organisations luttant activement contre les discriminations: MRAP, SOS-Racisme

 

Une forte discrimination, fort peu discutée en France, est celle qui interdit des emplois aux étrangers (escons: emplois soumis à condition de nationalité). Jusqu'en 1990, 30% des emplois étaient réservés aux nationaux (= 23% (fonction publique) + 3% (entreprises publiques) + 4% (emplois privés)). Actuellement, 5% des emplois (fonction publique dite régalienne: armée, justice, police) restent fermés aux étrangers communautaires, les 30% restent fermés aux étrangers non communautaires.

 

Organisations luttant activement contre les escons: GISTI, comité Ouverts

Organisations s'étant exprimées contre les escons: associations (MRAP, LDH, …), partis (PCF, Les Verts, LCR, LO)

 

Racisme, xénophobie et politique

 

La lutte contre le racisme et la xénophobie est une composante importante de nos combats. A partir des années 80, ils se renforcent et font système. Cela s'est traduit par une diffusion importante de l'idéologie de refus des mouvements migratoires. Diffusion et cristallisation dans un parti, le Front National, depuis les années 80. Selon les élections, ce parti d'extrême-droite, raciste et xénophobe, rassemble 10 à 20% des votes. Sa force d'attraction réside dans son visage à la Janus, tour à tour grimaçant ou souriant, borgne toujours. Coté grimace, il dit: "il y a trop d'étrangers", "il faut renvoyer les étrangers". Côté sourire, il dit: "la France aux Français". Et, hélas, ce n'est pas une exception française.

 

Tsiganes

 

Les Tsiganes sont 0,3 millions en France (0,5%), 8 millions en Europe. La plupart est de nationalité française. Peuple sans terre et sans Etat, ils sont nombreux dans une demi-douzaine de pays d'Europe (Espagne, France, Roumanie, ex-Yougoslavie, Bulgarie, Hongrie). Comme l'antisémitisme, le racisme, le mépris, la haine envers les Tsiganes est endémique. Outre ces caractéristiques, ils sont aussi souvent des gens du voyage. En France, une loi visant à leur assurer des lieux de séjour dans les communes a été votée en 1991: son application est très difficile.

 

Organisations luttant activement pour les droits des Tsiganes: UTVF

 

Double peine

 

La loi prévoit de pouvoir associer, pour des étrangers, l'expulsion du territoire à certaines peines de prison. Cela concerne environ 4000 personnes par an, dont nombre de jeunes ayant vécu surtout en France. Si cet loi touche relativement peu de personnes, elle est très fortement ressentie et rejetée dans le mouvement contre le racisme et pour l'égalité des droits.

 

Organisations luttant activement contre la double peine: comité contre la double peine (un grand nombre d'associations, de syndicats…)

Organisations s'étant exprimées contre la double peine: partis (PCF, Les Verts, Les Alternatifs, LCR, LO)

 

D'autres aspects ne doivent pas être oubliés: femmes immigrées et étrangères, travail illégal, l'aide au développement, religion, travailleurs saisonniers, droits sociaux, logement, étudiants étrangers, chômage, l'héritage colonialiste, les enfants de l'immigration, justice, police

 

A côté des 15 fiches par pays, une fiche concernant l'Union européenne en tant que telle doit être écrite.