Un petit morceau du rve europŽen

 

Ç Nous sommes des gens ordinaires. Tout ce que nous demandons, cĠest une vie normale, travailler, fonder une familleÉ È

CĠest en ces termes que sĠexprime Roland, un des nombreux migrants subsahariens bloquŽs aux frontires de lĠEurope, dans la fort de Bel Younech, au Nord du Maroc, ˆ quelques kilomtres de lĠenclave espagnole de Ceuta. Roland est dipl™mŽ dĠŽtudes commerciales et il possde aussi un dipl™me de dessinateur. Il a dŽjˆ rŽalisŽ de nombreuses planches pour un projet de bandes dessinŽes. A c™tŽ de lui, dĠautres jeunes hommes dipl™mŽs, anciens fonctionnaires ou employŽs dĠentreprises, dĠanciens commerants, des Žtudiants, des gens calmes, pondŽrŽs. Il y a aussi des femmes et des enfants, et des hommes parfois plus ‰gŽs. Tous, ils ont ŽtŽ contraints de quitter leur pays, soit parce quĠils y Žtaient en danger, soit parce quĠil leur faut trouver un moyen de faire vivre leur famille. Parce que lĠexil nĠest jamais un choix, mais lĠultime possibilitŽ de survie pour ces hommes et ces femmes qui se cachent aujourdĠhui.

Mais lĠEurope a fermŽ ses portes, et cĠest au Maroc quĠils attendent un avenir meilleur, dans des conditions de vie dŽplorables.

Dans le but de repousser plus loin ces hommes et ces femmes en qute dĠun simple bonheur humain, lĠEurope exerce depuis plusieurs annŽes des pressions importantes sur les pays frontaliers de lĠUnion, tel que le Maroc. Afin de satisfaire aux exigences des dirigeants europŽens, le Maroc a acceptŽ de surveiller ses frontires extŽrieures et fait preuve dĠun zle particulirement rŽpressif  ˆ lĠencontre de ces populations civiles inoffensives. En fŽvrier, les forces de lĠordre marocaines ont bloquŽ lĠentrŽe de la fort menant aux campements de Bel Younech, empchant ainsi les gens de sortir librement et dĠaccŽder au village le plus proche, o ils avaient lĠhabitude dĠaller chercher de quoi boire et manger.

MalgrŽ la levŽe de cette surveillance quotidienne, les opŽrations de ratissage ont repris en mai. Ces rafles sont gŽnŽralement accompagnŽes dĠarrestations, de vols de nourriture, de saccage des cabanes, de violences et de blessures pour les personnes rŽfugiŽes, qui chutent dans la montagne en essayant de sĠŽchapper. Ceux qui sont arrtŽs sont refoulŽs vers la frontire algŽrienne, sans aucun souci de leurs droits, de leur pays dĠorigine, de leur devenir.

Dans cette traque, tous les coups sont permis. OubliŽs, les beaux discours sur les droits humains. Ces droits ne sont valables que pour les hommes qui ont un visa Shengen. Les autres sont un peu moins que des hommes, du gibier, des criminels quĠil faut repousser, contr™ler, expulser, enfermer.

La responsabilitŽ de ces opŽrations de ratissage, ces refoulements, incombe certes aux autoritŽs marocaines mais cĠest  aussi un choix de lĠEurope. Des personnes sont blessŽes, affamŽes, dĠautres meurent noyŽes au large des c™tes espagnoles ou sous les essieux dĠun camion. CĠest le choix des dirigeants europŽens.

 

Nous demandons la cessation immŽdiate des opŽrations de ratissage et le respect des droits fondamentaux des personnes rŽfugiŽes dans la fort de Bel Younech. Nous voudrions que les citoyens marocains et europŽens prennent conscience du caractre ˆ la fois inhumain et illusoire de cette politique qui ne considre lĠŽmigration que sous lĠangle de la rŽpression. Nous les appelons ˆ agir avec nous, ˆ faire savoir que cette rŽpression, ce mŽpris, ne sont pas dŽcidŽs en leur nom.

 

Contacts:  Maroc; programme_migrants@yahoo.fr - Espagne; andalucia@apdha.org - France ; national@atmf.org contact@cimade.org - Belgique ;  serge_noel1@hotmail.com  

 

Signatures ;

Maroc : AFVIC (Association des Amis et familles des Victimes de l'Immigration Clandestine),