Bruxelles,
le 25 septembre 2008
A l'attention de Monsieur
Jacques Barrot
Vice-Prsident
de la Commission Europenne
Monsieur le Vice-Prsident,
Suite la visite en Italie les 19 et 20 septembre
derniers d'une dlgation de la Commission LIBE du Parlement Europen, nous
nous permettons d'attirer votre attention sur certains aspects problmatiques
que nous avons relevs dans les trois dcrets lgislatifs relatifs au droit de
sjour des citoyens de l'Union, au statut des refugis et au regroupement familial,
de mme que dans le "paquet scurit".
Cela nous parat particulirement important, puisque nous
avons bien pris note de vos rcentes dclarations selon lesquelles la
Commission nÕa pris aucune position sur la compatibilit des dcrets
susmentionns avec le droit communautaire, contrairement aux affirmations des
Ministres Maroni et Ronchi, qui, lors de notre visite Rome, nous avaient assurs
de votre accord formel sur deux des trois dcrets lgislatifs (statut des
rfugis et regroupement familial).
En ce qui concerne le dcret lgislatif en matire de
regroupement familial, il nous semble que les conditions exiges soient
excessivement restrictives par rapport la directive (n. 2003/86/CE) - notamment
en ce qui concerne lÕge des poux, lÕge des parents, lÕtat de sant des
parents, frres et sĪurs, etc. - et touchent directement le droit une vie
familial normale, prvu lÕart. 8 de la Charte europenne des DH.
En ce qui concerne le dcret en matire de
reconnaissance du statut de refugi, les dispositions du dcret lgislatif
prvoient des dispositions qui limitent et rendent encore plus difficile
lÕexercice dÕun droit reconnu par les traits internationaux, notamment en ce
qui concerne la libert de circulation et la possibilit de disposer dÕun
"droit de recours efficace devant un juge en cas de refus ou de rvocation
du statut de refugi."
En ce qui concerne le droit de sjour des citoyens de
l'UE, le dcret de transposition prvoit que les ressources conomiques dont le
citoyen communautaire est cens disposer doivent tre suffisantes[1]. La dfinition d'un montant nous semble une mesure
arbitraire et peu compatible avec le principe de proportionnalit. Le dcret
exige par ailleurs galement des citoyens communautaires de prouver que leurs
revenus proviennent d'activits licites (art. 7, 1.b). Il s'agit l, selon
nous, d'un vritable renversement de la charge de la preuve contraire
lÕesprit et la lettre de la directive.
L'article 20, 3 du mme dcret considre comme
"motif impratif de scurit publique" la non demande d'inscription
ou de remise de la carte de sjour. La jurisprudence de la Cour de Justice est
trs claire ce sujet. Elle prvoit que l'omission des formalits relatives
l'entre ou au sjour ne peut pas justifier un ordre d'expulsion. La Directive
2004/38 elle-mme prvoit dans ce cas de figure des sanctions non
discriminatoires et proportionnes.
Par ailleurs, en ce qui concerne le "paquet
scurit", nous serions heureux de connatre la position formelle de la Commission
sur une nouvelle norme pnale d'ores et dj entre en vigueur et qui institue
comme circonstance aggravante en cas de crime ou dlit le fait de se trouver
"illgalement sur le territoire national" ; cela la lumire de l'avis du service
juridique du PE, qui considre qu'une telle norme n'est pas compatible avec le
droit communautaire et des dclarations de votre porte-parole sur ce sujet
allant dans le mme sens. Nous
voudrions attirer votre attention sur le fait que nous ne pouvons pas nous satisfaire
des "assurances" donnes par le Ministre Maroni la dlgation du
PE, selon lesquelles pour remdier cette situation une simple
"interprtation" du mot Į trangers Č excluant les citoyens
communautaires du champ d'application de cette norme pnale pourrait suffire.
S'agissant en effet d'une disposition qui a un impact sur
la responsabilit pnale des personnes et affectant le principe de l'galit
devant la loi, on voit mal comment sa porte puisse tre dtermine par des
circulaires administratives. Bien videmment si, comme cela nous a t annonc
par le Ministre Maroni, le Gouvernement entend revenir devant le Parlement
national avec une nouvelle proposition de Dcret lgislatif en mesure de rgler
a cette occasion les points douteux soulevs plus haut, on serait face une
nouvelle disposition lgislative et nous ne pourrions que nous en fliciter.
C'est avec grand intrt que nous attendons de prendre
connaissance de l'interprtation de la Commission sur les questions
susmentionnes. Nous sommes certains quÕune rponse claire de votre part ces
questions pourrait aider une application univoque et sans ambigits du droit
communautaire non seulement en Italie mais dans lÕUE dans son ensemble.
Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Vice-Prsident,
nos salutations les plus distingues.
Vittorio Agnoletto Kathalijne
Buitenweg Marco
Cappato
Giusto Catania Els
de Groen Cladio
Fava
Monica Frassoni Umberto
Guidoni Viktria
Mohcsi
Luisa Morgantini Martine
Roure Adina
Valean
[1] Le
Ministre a prcis que doit tre loign du
territoire italien toute personne qui ne peut prouver un revenu quivalant au
montant de la pension sociale de 5.061 euros, qui s'lve 10.123 pour
deux ou trois parents et 15.185 pour quatre parents ou plus.